Au jardin du numéro 8 de l’impasse, le premier rosier planté par Adrien fut Papa Meillan, le 15 novembre 1963, sa couleur rouge sombre et surtout son parfum intense allaient lui garder un rôle de vedette souvent visitée à l’angle de la grande allée et de l’allée du puits. Le dernier rosier planté, le 13 novembre 1993, fut Louise Weiss, avec son improbable jaune et la consistance si particulière de ses pétales qui formaient si longtemps sur le sol de la tardor, comme on dit à Toulouse pour évoquer la saison entre automne et hiver, une mosaïque changeante au gré des humeurs du vent d’autan et des passages d’Adrien et de sa brouette…
Entre temps il y eut Fabiola, première rose du jardin à arborer aussi nettement une double couleur, qui devait rester longtemps le long de la grande allée, près de l’endroit où Adrien installait les bancs de causette en été, et d’autres noms de reines contemporaines ; aussi Iceberg qui faisait rire Adrien à l’époque des exploits d’ice-Borg ;des noms de femme simple aussi, Julia qu’il regardait avec attendrissement peut-être parce que ce prénom évoquait une de ses anciennes conquêtes -même si Etiennette, elle, ne parlait que de cette Rose, justement, qui lui avait laissé des épines au cœur ; Pénélope, qu’il croisait discrètement près du massif des framboisiers ; il y en avait de presque bibliques, telle Samaritan, capable de refléter le soleil même les jours où les nuages se faisaient très épais ; des noms qui évoquaient les éléments, tel le rosier grimpant Zéphirine qui avait résister à toutes les phases de réfection du crépis de la façade ; il y avait aussi celui qu’on n’appelait pas autrement que le rosier blanc, planté non pas par Adrien, mais par son père, un rosier à l’apparence modeste mais qui allait durer longtemps…
Pas envie de commenter ce matin,juste passer vous lire un peu au hasard, mais obligée de dire comme ce texte m’a cueillie. Si belle idée et si parfaitement présentée. Merci, Philippe.