Sur le mur au-dessus de la cheminée du salon, je le vois le sous-verre qui abrite une photo de mariage en couleurs, juste à côté il y a un autre cliché en noir et blanc, réduit à l’essentiel, comme si le temps avait effacé l’excès pour ne garder que l’intensité ; Sur le meuble à tiroirs du salon, une autre photo je la vois la maman à 15 ans. Ses yeux clairs captent immédiatement l’attention. Un regard où se mêlent une douceur juvénile et une profondeur inattendue, tournée vers l’avenir, cherche-t-elle les promesses du futur. On le devine cette image a traversé les décennies. Rien, pourtant, dans ce visage encore jeune, ne trahit la bienveillance ; je vois une adolescente qui cherche son chemin accompagnée de ses doutes ;Je vois dans la chambre d’Helena, un mélange d’images et de dessins : un chaton gris sur un coussin, un éléphant indien peint de couleurs vives rouge vert bleu doré sur un voile de papier transparent. Il y a des livres, celui de « Mortelle Adèle album j’apocalypse » reine incontestée des bêtises elle ne manque pas d’imagination quand il s’agit d’étendre les limites de l’impossible ; La chambre de Tilleul, future astronaute, est un rêve d’évasion. Une photo de New York, vue depuis un gratte-ciel, le ciel flou j’y vois comme un mouvement. Et là, plus bas, une image de la Terre, prise par Thomas Pesquet : sphère bleue, perdue dans l’immensité ; Maoui, la peintre, a laissé son empreinte voilà un tableau posé sur le chevalet, quelque chose d’intime, un mot arraché au silence ; le bleu y domine, c’est l’océan, le ciel, une émotion peut-être une mémoire éclaboussée de cœurs, une dizaine ; Là-haut dans la Guerite posé sur une table en bois japonisant il y a le livre, du Comte de Lautréamont Éditions Lattès repose, une couverture grise marbrée, lettres roses à peine visibles, présence presque insolente le poids de ce qui aurait pu être saisi a échappé comme un souvenir mal rangé , j’y vois la virtuosité du poète une ombre qui revient et qu’on retient. Sur la table de la cuisine, il y a un paquet de poudre. une étiquette en papier jaune fluo, annonce en lettres manuscrites : Pour une purgation douce – essayer d’abord – Les ingrédients : zingiber officinal, pipper longum piper nigrum, elettaria cardamomum, cinnamomum verum, cinamomum tamala, cyperus rotondus , embelia ribes, phyllantus emblica, operculina turpethum. Saccarus officinarumanis. Une recette indienne, à tester prudemment, j’y vois aussi un document scolaire pour information sur la journée sportive, un livre de cuisine ouvert à la page d’un curry coloré, il y a suspendu au mur une plaque métallique avec les en-cours fixés par un aimant alu ; Dans la salle d’eau posé dans un verre à dent en porcelaine repose un tube de dentifrice sur lequel on peut lire en lettres vertes sur fond rouge : Nagarjuna Ayurdeva lavang toothpast for anti Cavity & Strong TeethIl y a la descente vers la cave, voilà la photo de la maison à sa construction en 1913, un seul titre « Maison témoin » mise en abîme ; Dans l’atelier l’armoire technique de l’ascenseur. A l’intérieur, il y a son carnet d’interventions, couverture verte angles cornés; durant ces trois dernières années une suite codifiée chiffres et lettres mélangés parfois raturés, dates précises d’autres floues, lignes incomplètes ; sur le toit le paratonnerre en alerte… Il y a ; Et toujours, l’écho de vies multiples, entremêlées, accumulation de présences de fragments d’impressions, de gestes banals, d’objets déplacés, et d’oublis les voit-on ? ;
2 commentaires à propos de “roman maison #11 et 12 #14# | ce que mes yeux ont vu”
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Oui, on les voit Raymonde, c’est un voyage au travers de tous ces objets que tu nous représentent et qui nous laissent imaginer à qui ils pourraient appartenir, merci.
Merci Clarence pour cette réponse complice…