#LVME #01 | Couscous au troisième

Assis sur un canapé de cuir noir, il regarde une revue sur les arts martiaux, elle est partie faire des courses, il a mal au pied, hier à soir il a donné un coup qui a été paré, son pied a rencontré un tibia, il a l’habitude. Il se lève, va à la fenêtre, regarde dehors, en bas les gamins de l’immeuble jouent au foot sur le gazon, vu d’ici, ils ne sont que des insectes.

Elle les entend qui se disputent dans la cuisine, elle aimerait lire Podium tranquillement, elle a déjà découpé un poster de Claude François, elle espère avoir un casque pour Noël. Son petit frère, ouvre la porte et il lui dit qu’il va en bas jouer au foot, elle lui dit demande de remonter s’il y a les Arabes.

Tu prépares déjà le couscous.
Laisse-moi faire, je sais que de toute façon il sera moins bon que celui de ta mère, mais laisse-moi essayer.
Arrête, j’adore ton couscous, Bruno a encore eu de mauvaises notes ?
Oui.
Il est en bas, il joue au foot ?
Oui.

Elle lit un article du monde, son mari est parti faire une sortie en vélo, leur fils est à la piscine. Elle a repéré dans la centrale des particuliers une annonce d’un trois-pièces, il est dans un vieil immeuble, c’est idiot, elle imagine que leur vie serait différente là-bas. Tout à l’heure le grand viendra manger avec sa petite copine.

Il écoute un disque de Jerry Lee Lewis, il en profite, ils sont sortis. Il adore Greats Balls Of Fire, il remet cette chanson pour la troisième fois, il lève le diamant, grâce à la petite manette, il recule le bras, vise le gros sillon, et laisse redescendre le bras, et dans la chambre, il entend :

You shake my nerves and you rattle my brain

Too much love drives a man insane

You broke my will, oh what a thrill

Goodness gracious, great balls of fire

Il décolle. Il ne comprend pas un mot de cette langue, mais il est heureux, il n’est plus qu’une paire d’oreilles, un corps qui vibre au son d’un piano.

Elle aime ce moment, elle lui demande de se couvrir, il ne fait pas chaud. Le samedi matin, c’est leur moment shopping à toutes les deux, elles prennent le bus jusqu’à la porte d’Orléans. Elle lui demande toujours son avis avant d’acheter un vêtement. Devant la glace de l’entrée, elles se regardent, elles sourient, elle lui dit : Maman tu es belle.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

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