Une étendue presque plate et nue dans mon dos et la terre qui, roches et plantes, dégringole dans l’abîme lumineux de la mer devant le corps raidi – la porte du couloir du service dans mon dos et la spirale de l’escalier de secours qui reprend sous le palier où suis sortie dans la nuit avec une cigarette-prétexte que je tiens éteinte entre mes doigts – le refus fort et soudain d’un avenir, et le fragile calme auquel je m’applique au bord de mon gouffre, de ce qui y tournoie. La placidité de la mer sur laquelle le soleil danse en vaguelettes, les nuances vertes ou bleus, signes qu’envoient aux yeux les bas-fonds proches de sa surface, cachant, dissimulant l’immensité, l’intensité de sa vie, son chant sourd à nos oreilles – le désir et la crainte des profondeurs que je ne veux pénétrer, que je crois là, en un lieu indéterminé et introuvable puisque diffus dans mon corps et mon esprit. Les cris dans des livres, ajouter aux discours que transmet le chemin des yeux sur la page, le souffle qui est en moi, ma voix, pour en découvrir le rythme, la construction, y prêter l’attention que l’on a pour le fonctionnement de cette porte entrebâillée afin qu’une flèche de lumière pénètre dans l’antre, à demi fermée afin que la violence du vent qui chante et secoue les branches ne soit qu’accompagnement extérieur. De la terrasse, l’étendue d’une plaine sans relief où s’étirent des chemins s’enfonçant dans l’horizon, ou le gigantisme d’une place blanche brûlée de soleil au débouché de petites rues ombreuses et les jambes qui tremblent – l’esprit renâcle, tétanisé devant la poursuite sans but des jours, ennui, désintérêt, crainte devenus si forts, prenant tant de place qu’ils deviennent béquille sur laquelle appuyer ma déprise.
image © Brigitte Célérier – Avignon
Ne sombre pas Brigitte, tiens bon, il y a encore de beaux jours à vivre sans ce foutu vent.
bien le problème Danièle
moi j’entends ta voix, ce sourire toujours devant l’écran zoom, la fumée de tes petits cigares, une musique nécessaire
il faut aller se promener un moment – une petite heure – marcher humer rire continuer – courage
Caroline merci (mais ne pas parler de petits cigares… bon suis revenue mais difficilement à un par jour)
Piero marcher oui (si mistral, crâne et pieds m’y autorisent 🙂
« La placidité de la mer »
« les cris dans des livres »
» le gigantisme d’une place blanche »
La vie bruisse. Votre voix elle s’entend …
merci Nathalie