Un réveil léger lors d’une matinée d’été ; les vases blancs en porcelaine posés au bord de ma fenêtre ouverte ; laissaient s’échapper les souffles tièdes du jasmin ; j’allais récupérer mes chaussons en laine perdus dans l’obscurité sous les quatre pieds de mon lit; même d’ici j’entendais la préparation du thé dans son samovar que ma mère faisait infuser avec des agrumes ; le tintement des cuillères entre elles ; le dépôt des framboises transvasées délicatement dans une corbeille en osier ; le déjeuner était prêt.
On mangeait ma sœur et moi sur une table en chêne massive ; et dont ma mère chaque matin ; effleurait de long en large ; chaque bord et parcelle ; chaque petite crevasse formé par le travail du bois ; il n’y avait pas d’échardes ; le chat était monté subitement sur la table faisant renverser le lait ; ma sœur s’amusait à lui déposer sur sa tête une pluie fine de sucre ; j’écrasais de mon côté mes framboises dans mon bol avec une cuillère en bois ; pendant que ma sœur me racontait des histoires ; en même temps qu’elle aspirait le sucre resté dans le creux de sa main.