Le temps fait ribouldingue, il ne s’écoule jamais aussi lentement que les nuits d’avant voyage et celle-ci ne fait pas exception, n’était-il pas déjà deux heures tout à l’heure, deux heures dix peut-être alors qu’il n’est que quinze et que cela semble une éternité, le temps est porteur d’insomnie et d’agitation, se coucher tôt pour se lever tôt et finalement ne pas dormir ou si peu, le sommeil n’est qu’intermittences, allers retours incessants qui ramènent ici, dans la chambre qu’on va quitter, demain on dormira ailleurs, si le nid sera douillet à on l’ignore encore, les photos sont belles à l’écran et le laissent penser, le temps exagère, deux heures vingt à présent, demain la navette part à six heures, vers Bruxelles, Zaventem, première étape avant l’Italie, demain, demain, aujourd’hui plutôt car le seuil est bien est franchi de la date du départ, la nuit est ce couloir qui y conduit, les cartes d’identité sont-elles bien préparées, se lever une deuxième fois pour vérifier, faire un café, se recoucher, demain l’itinérance, la nuit comme une carte mentale, se répéter tous les lieux marqués jusqu’à hier par une punaise sur la carte, la carte bien installée dans le tout petit sac auquel on a droit en cabine, la carte mémorisée dans ses grands axes et qui défile alors que le sommeil continue à se dérober.
Une nuit légère comme un courant d’air, une mer calme à traverser, une nuit transparente sans veille ni sommeil, sans l’injonction intérieure et vaine de dormir, sans autre rêve que le film du beau sur écran géant, le beau qui s’apprête et met les dernières touches à ce qu’on imagine du voyage, une nuit intime et limpide, aérienne.