« À un moment » il faut arrêter, non c’est plus possible, ça suffit. Mais il est quand ce moment ? indéfini. « À un moment » j’y ai cru, c’était bien, les croyances éphémères en forme de bulles de savon, romantisme en carton-pâte, juste envie d’y foutre un coup de pied dedans. « À un moment » il faut savoir dire non, ah oui ça semble facile de s’autodéterminer sur un stop objectivable ! Mais tu n’en sais rien de ce moment qui ne s’identifie que bien trop tard, de ce kaïros pourri qu’il faudra raconter sans fioritures, de ce « à un moment » que tous veulent cerner mais que personne ne veut vraiment voir, et puis il ne plane que dans la surface du langage, ce fameux moment, tu les écoutes, c’est sacré : « un moment inoubliable » , belle expérience à partager sur Trip Advisor, oui c’était convivial, bien mangé ,belle déco et tutti quanti. « À un moment » tu meubles par le temps le vide de ton chaos, les mots restent ces boucliers de pacotille qui cachent , pour un moment, le creux de ton absence sans bornes. Foutu moment. « C’est là ce que nous avons eu de meilleur ! ». Il faudrait la relire, cette éducation sentimentale, tu crois qu’il savait que c’était son moment, Frédéric? « À un moment » qu’elle m’agace quand elle ne sait exprimer sa colère que par ces aboiements fatigués. Je rêve d’une colère sans mots, sans ces corrosions de langues éreintées par leurs douleurs. Juste tuer le moment par un non sec et sans appel.