(Il y a)
la trace et le souvenir
les bribes de mes origines
(et) les mots font saigner la mémoire
(C’est simple pourtant
qu’est-ce que tu comprends pas ?)
Sur le mur il y a
des tapis
le chemin des souvenirs
la mémoire qui trace des circuits
l’intentionnalité du souvenir
Ça ne veut pas dire que je mens
je n’ai jamais menti
Je me souviens de
la boîte à sucre
la petite poupée en celluloïd
le renard a les dents agacées
Une sensation provoquée par votre sourire
stimule mon lobe temporal gauche
c’est totalement inconscient
(c’est) une convergence de causes
(alors) pourquoi les adultes pleurent ?
les adultes ne sont pas sérieux
Dans la boîte il y a
l’isolement sensoriel
caché les portes ouvertes
les dentrites qui se couchent
un trou de deux ans
sculpté par l’existence
la mémoire figée
(c’est) l’atrophie cérébrale
la guerre est très vite arrivée
Prisonnier du passé
(et) des explications prises pour des vérités
(il y a)
un organe social
un autre pour éveiller ma mémoire
on m’a caché derrière un nom
le nom de l’angoisse
quand son psychisme s’est arrêté
Sauve-toi, la vie t’appelle
c’est un mot qu’on ose plus prononcer
Choisi(r) de (ne pas) grandir
à l’ombre de cette cassure initiale
ça donne un goût au monde.
*texte produit à partir de bribes d’interviews de Boris Cyrulnik, sauf quelques ajouts entre parenthèses 🙂