6 Brooklyn. Communauté hassidique, interdiction religieuse de toute représentation. Un enfant se découvre peintre, très jeune. Impossibilité de ne pas peindre, sinon quoi? Le suicide : interdit. Affronter l’autorité du non. En faire le hurlement de son art. Quitter la communauté. Liens incorporés en chaque parcelle de son être, sans affranchissement possible parce que c’est là, toujours. La création comme bannissement absolu. Produire les images monstrueusement belles de cette plaie.
5 Enfance aux temps d’avant. L’aventure à travers l’herbe grasse, les prés humides, la forêt. Partir, peu importe si on arrive et où. Un cheval erre, fantomatique, entre les arbres. L’enfant le suit. Des copains rencontrés sur le chemin. Un cirque qui va de ville en ville, gens de voyages et d’amour. On cherche toujours sa maman quand on prend la route pour l’inconnu.
4 L’alcool, la pluie d’été, un féminicide. Un couple se décompose dans un hôtel italien encombré de touristes confinés. Amours adultères et fascination du crime. On cherche le meurtrier, elle l’aide à fuir. Cette femme à la dérive, en cavale d’elle-même, boit et conduit et boit et s’endort quand son mari à l’amie fait l’amour. Solitude du face à face avec la mort. S’ensauver ou se jeter dans ses bras?
3 Lagune en temps de peste. Brumes sur les canaux vénitiens qu’on fumige. Grand hôtel. Vieil artiste venu trouver la mort faisant mine de chercher l’inspiration. Étoffes amples, canotiers, paquetages, domestiques empressés. Lumières mouvantes sur l’eau et les reflets des poteaux d’amarrage. La mer par-delà les remugles vaseux. L’adolescent blond bottines noires tourne autour du vieux qu’il fascine. Se regardent l’un l’autre. Vaste salle de restaurant tentures crème. Suspension du temps avant l’éboulement dans la boucherie 1914-18.
2 Jeune homme poli n’a pas connu de femme. Se sait condamné. Parents, bourgeoisie toxique époque d’après guerre en Suisse allemande. Cancer questionné se révèle le produit de société-famille. Porter en soi la pourriture du monde. Tumeur le pousse à écrire son autobiographie avant d’avoir vécu. Introspection analytique pour ne pas avoir en vain, si peu. Dévoration des enfants par l’éducation convenable. Devenir banquier avocat ingénieur? Mourir plutôt que décevoir.
1 Central Park. Brooklyn bridge. Va-et-vient entre le pont et le parc. Il y a un café, une boutique de fringues floues, fluides, hippies à cause de grandes boucles d’oreilles. Des rencontres nouées et dénouées. Jeunes adultes, femmes et hommes, se croisent, parlent, se parlent. Une enfant au centre avec ses questions. Ce que ça implique, la parole comme risque d’être. Quand les catégories sont toutes à définir, quand rien n’est sûr sinon la quête toujours réinventée de soi parmi les autres.
Beaucoup aimé ces descriptions. Curieuse quant à la dernière !
Merci Helena!
Pour la dernière, il s’agit d’un roman de Leslie Kaplan, « Le Pont de Brooklyn » que j’aime beaucoup et autour duquel j’ai écrit une nouvelle sur la naissance.
Merci, Juliette ! Je vais aller voir. Tu as publié la nouvelle?
La nouvelle est sur mon site que je suis en train d’aménager : https://www.juliettekeating.net/naissance/
Merci !
Merveilleux récit ! Merci encore !
Merci beaucoup pour vos lectures, c’est précieux!
j’ai décidé une fois pour toutes de ne pas deviner de me contenter du plaisir (crâne las, paresse un peu, inculture je pense aussi..mais là il y en a deux qui se sont imposés
Oui! Et ce qui est étrange, c’est qu’il faut se contrainte à rester dans le périmètre du livre que l’on « compresse ». Rapidement, l’envie de dériver vers une histoire à soi.
tous ces mondes.. les nerfs à vif, la création l’issue vécue à fleur de coeur, c’est très impressionnant, et la 4, magnifique symphonie de la langue