Pourtant c’est la saison où les arbres sont les plus odorants, la saison plus de fruits que de fleurs. Si les enfants n’étaient pas si avides de profiter des derniers moments de jeu, ils pourraient en savourer les parfums flottant dans l’air, ils pourraient même grimper sur une branche et doucement lire tout en humant. Ça calme… Les jardiniers qui passent ont le sourire. Ils ont bien du travail mais c’est celui de la récolte, celui qui montre tout de suite à quoi il sert. Pas encore la saison des feuilles mortes qu’il faudra bien ramasser mais dont on ne saura que faire… Pourtant il y a des démarrages nerveux de voitures et des arrivées aussi. On décharge des malles les fournitures de rentrée et le visage des enfants se tend car autre chose va bientôt commencer. On pourrait se perdre dans les senteurs de fruit mais il faut s’entraîner à redresser le dos, à se montrer ferme et peut-être même dur, à défendre ce qui compte pour soi. Tant qu’on est enfant, la perspective est encore confuse, on sait qu’il faudra se défendre mais on ne sait guère encore ce qu’il faudra défendre. On se prépare à un futur qui donne le vertige, tantôt mal au ventre, tantôt vibration excitante dans la tête. Les fournitures de rentrée sont à manipuler juste après les fruits du goûter. Mélange du papier sec qui fait rêver à l’inédit et des fruits poisseux qui reviennent chaque année… Et dans tout ça, où est la promesse ?
Autour de la saison des fruits et tout ce qui s’y rattache, comme une mélancolie à évoquer le temps qui roule, la rentrée prochaine, les fruits qui tachent et se décomposent dans l’herbe…
et la promesse !
quelle promesse ? celle de l’hiver, du devenir, du grandissement, du pourquoi vivre, autant d’images soulevées en nous à découvrir ce texte bref et riche…
Se défendre oui mais quoi défendre ?Bonne question, tout ici et même le sens de vivre est convoqué au travers des odeurs, des gouts, des couleurs… Impressionant
Un texte tout en nuances qui commence par « Pourtant… » et finit par « Et dans tout ça, où est la promesse ? ». C’est troublant, émouvant. Je suis touchée. Merci.