Le ciel, là-bas raide, maintenant s’à peine cambre et, sans se briser, épouse l’arche métallique qui, depuis son formidable saut delphinien, s’indiffère autant de la longueur longue du fleuve tout en bas, que du trépignement têtu des rails, rivés à une décision prise une fois et dont rien désormais ne les ferait dévier. La monstrueuse houle de fer forge là-haut pleins et vides, hache et rafale ses cieux haletants comme cligner des yeux déchire un peu le parpaing du jour. On est chez le ciel. Le monde sans doute n’a jamais été pour l’humain. Le monde est construit pour un train entier jeté sur l’aléa dur d’un pont et qui regarde passer le ciel.
Parking long comme une plage de novembre. Des camions prostatent et patientent, dont seuls dépassent le cul, dans des casiers légèrement surélevés qui les alignent comme bovins secs parqués pour frugale traite. Le ciel a toute la place, qui se satisfait de celle qu’il occupe déjà d’ordinaire, et qui, sans dans la manœuvre devoir s’agrandir, couvre abondamment le parking, en couches grises successives. Le portail ici est seul encore à témoigner qu’épaules d’hommes parfois s’avancent là.
C’est l’approche régulière, comme les marmottes d’avril, des panneaux bleus d’autoroute, qui arrivent, mais on dirait qu’ils reviennent, se coller pare-brises, d’insipides baisers, trop pieux papillons de nuits. Fades poissons périodiques, flottent leur grand os noir, du ciel et de la route mêlés et du filer droit pendant des heures de descendre les pays par leur dorsale longue. C’est la discrète approche des panneaux bleus, comme consonne piteuse sait bien qu’on attendait plutôt joyeuse et rare voyelle. L’approche qui ne heurte ni n’évite, pas le heurt escompté d’enfin crâner ensemble le front bleu du panneau bleu au front rien du pare-brise. Pas non plus la lévitation franche de s’ignorer pare brise et s’ignorer panneau et n’être pas du même monde pas fait de la même matière et pour les mêmes missions. L’entre deux imparfait, de l’approche sans accident, et du panneau bleu s’approchant qui de toute façon ne satisfera pas ce minuscule désir de voir le panneau coïncider, soudain mesurer la taille exacte du pare brise et le venir recouvrir parfaitement, et alors d’aveugler, autoriser la seconde de cécité sur l’autoroute.
semble bien en effet que le monde, ce monde, ne soit pas pour l’humain, juste par l’humain
magnifiques ( et monstrueux ) cieux ferraillés…