Rejoins le tiers de toi qui sait, ne te soulève qu’au pas des morts, si l’pas de toi ne vaut plus rien, rejoins la sœur des conifères, la saveur maigre des colères, rejoins la brousse des folies qui te veulent chaud dans leur dédale, rejoins le ventre et les artères quand la nuit tombe sur le monde, rejoins la digue sans drapeau pour faire un feu de leurs frontières, rejoins le muscle des açores, la conjointure des révoltés, rejoins le cri des catastrophes, les déroutantes et les fracas, rejoins le sang des arménies, rejoins les voix qui jouent de l’isle, le sable est long pour ceux qui nagent, retends le fil des horizons, pour y placer des œufs de geais, les franchouillards ont une cédille, fais un croche-patte à leur assise, n’endors jamais ce qui corneille, rejoins les shoots et les semis pour engrainer les dits demain, rejoins la soif des tout petits, à trop courir à trop slalom, la bave rouge et les poumons, rejoins le cirque et les froufrous, le cabaret des joies déglingues pour te défaire des hérauts, rejoins la plèvre et le gibet, respire, les voyageurs ont posé leurs beaux déplores, rejoins ma fosse qui t’est commune, dans mon cimetière tous ont fleuri, rejoins la fosse des nouveaux corps, leur cœur fera des ouragans, rejoins la fosse bordel de dieu, l’insoutenable c’est impossible, les sacs plastiques les couvertures, pour tout linceul sur la figure, rejoins tous ceux qu’on jette là, la belle Europe baisse les yeux, rejoins sa frousse et son veuvage, ça fera juste des cœurs en moins, va donc déplaire aux grands caïds, y font les fiers dans l’pataugeoire, convertisseurs et fiers de joutes, les enflammés n’ont jamais peur du ridicule, pourtant regarde, rejoins les Non, rejoins les Sous, rejoins les Nus, les derniers pris dans les mâchoires, y sont restés sous les décombres, les biographes ont tout perdu, comment bâtir un autre fleuve pour qu’il emporte les canons, construire un socle sur la vase, un équilibre dans les ruines, va faire ton socle de gravats, signe et va-t’en, remets la poche dans son ombre, ton glas de sable on l’entend plus, tu seras pris dans un vertige, n’espère en rien me faire sourire, regarde-nous, ne rejoins pas, les saoulographes ont des cothurnes, fais la giclée sur ce qui aigre, même les mots ne font plus face, rejoins le chant des égoutiers, fais se ployer les catacombes, déverse-toi dans l’eau sylphide, entonne un blues à la guitare, la même cadence en sol mineur, les rats sauront qu’il est grand temps, ils suivent bien les musiciens, emploie le jour à déramer contre le vent, les faux courants, ouvre les portes du damier, retour arrière et page arrière, le jour est long qui ne voit plus, il faut ce soir nous faire hurler, rejoins le tiers de toi qui sait.
rejoindre ceux qui, ce qui. Un très beau texte à lire à voix haute pour la force des propos! 🙂
Merci très fort pour ce mot qui repeuple et donne force ! Je vais lire votre prose de ce pas !
on a irrésistiblement entraînés dans ta verve, dans ton flux, dans ton fleuve…
on suit
on coule avec tes mots, on te rejoint, on se coule dans ton béton
on rejoint ce qui fait hurler et on rejoint ton chant des égoutiers
Un grand merci chère Françoise, cela fait plaisir d’être lu et compris, on se dit toujours que le rythme c’est vraiment trop abstrait, cela ne viendra pas aux yeux des lecteurs, alors les oreilles de tes yeux sont bien précieuses… l’image du fleuve, c’est maintenant que je la vois. C’est peut-être le flux de l’énergie, cet allant qu’on se forge quand la consigne semble très difficile…
C’est très beau, émouvant, toujours cet élan magnifique que tu proposes
Un merci bien ému chère Rebecca, je crois que je suis tes traces comme un petit lémurien, tout ce que tu soulèves de branche en branche, dans ton phrasé certainement, comme impatience à dire et à déployer, c’est l’énergie du collectif qu’on ne cesse de se transmettre les uns aux autres…
🤍🤍🤍
rejoindre regarder ouvrir … la force de tes mots Françoise. Merci
Merci vivement chère Nathalie d’avoir pris le temps de lire, tu es dévouée et si attentive…. A très vite sur ta page ✨
Une énergie salvatrice qui emporte, lave les miasmes. Un rythme qui lève l’espoir … Rejoins …