Le miroir à bordure métallique renvoie des reflets dans tous les sens et des échos aussi, surtout celui de Rigoletto.
Le soleil du matin d’hiver fait penser à l’un des abricots qu’on n’a plus à cette saison mais ça chante la recherche de la grenouille, vive le vert !
Il y a trop de couleurs accrochées au sapin, il y a trop de roulades dans la voix de Mireille qui chante Parrris…
Tu peux laisser glisser tes doigts le long du formica, c’est doux et c’est coloré, tantôt vert et tantôt bleu, comme chantent les compagnons de la radio.
Par la vitre de l’auto, on voit du blanc-gris avec des traits noirs de temps en temps et le cœur se soulève comme au refrain de la chanson de Lara.
Ça pétille dans la cheminée et dans l’œil de Bon-papa dont la moustache s’emballe pour chanter La toulousaine.
Le rose du soleil couchant d’été rejoint l’orange des bonnets des cannas et Petula tient à me faire croire que l’amour, c’est sa chanson.
Mes doigts me font mal à essayer de tambouriner comme Pépé sur l’angle de la table et lui, il arrive à chanter Aïda en s’accompagnant comme ça !
Pendant que le long couvercle de bois glisse dans les rainures et qu’il faut se méfier des épines cachées, commence à vibrer mais seulement dans ma tête le générique de Daktari.
La balançoire cale son moment de suspension haute avant de redescendre sur le deuxième « tan » de « tan tan… tantantan, tantantan tan… » de Thibault.
Le vieux sac à main noir du grenier est devenu la gibecière de Maurin des Maures et ça lui va bien d’avoir la croûte dure… Dire que la liberté n’existait pas !
Tripoter le rond de serviette en argent donne une drôle d’odeur aux mains et un drôle de goût quand on se lèche les doigts mais mets-toi à compter en roumain et ça fait toute une musique !
Au rythme des doigts qui s’enfoncent dans les voussures on peut faire tout le tour des piliers de la desserte de Mémé en fredonnant une comptine obsédante comme « je joue à la balle »…
Si le sommeil ne vient pas, on peut toujours gratter les ressorts de la banquette avec les doigts, on a le rythme et il suffit de chanter avec « les re… sort du lit ! »…
Dans la maison de Mamie quand arrive midi, on est sous la menace de la sirène des gendarmes, si on y reste trop tard et qu’elle sonne, c’est la fin de tout.
Par tous les canaux, voir, sentir, toucher, quelles belles réinventions! Je ne me souvenais plus de l’odeur du rond de serviette mais oui c’était bien comme ça (même si je ne sais pas compter en roumain).
Ah mais moi j’ai complètement perdu le goût de la truffe de l’ours… L’ai-je jamais eu, d’ailleurs ? Ah ben merci de m’avoir plongé dans cet abîme peut-être insondable…
Qu’il est plaisant que ces merveilles finissent en chansons ! Ainsi elles ne finissent jamais
Œuvrer contre la fin de ce qu’on aime est-il le mobile profond de chanter sans cesse ? Merci de m’avoir fait me poser la question…