Sortir du lieu qu’avec le recul elle pourrait appeler son refuge : sa moitié de la chambre partagée avec sa soeur et la partie du placard desservie par le battant de gauche. Pourquoi les lits n’étaient-ils pas superposés afin de laisser plus de place aux enfants pour jouer ? Chacun des lits est accolé à un mur. Le sien à gauche de l’entrée et l’autre perpendiculaire, débordant légèrement sous la fenêtre.
Sortir du refuge, laisser sur la droite la porte de la salle de bains, sur la gauche la chambre des garçons. Remonter le couloir en frôlant de la main le papier peint granuleux, passer devant le placard de droite toujours fermé contenant les outils de bricolage.
Sur la gauche, la porte du salon. Les soirs d’orages, installés dans le canapé en face de la porte-fenêtre qui donne sur le balcon, les éclairs zébrant la baie de Toulon leurs assurent le spectacle. Le salon ne sert pas pour jouer mais ce n’est pas une pièce interdite. Contrairement aux autres familles de l’immeuble qui réservent le leur aux visiteurs prestigieux.
Continuer vers la porte de l’appartement, à gauche la chambre des parents, à droite la cuisine. Prendre le sac de la poubelle.
A contrecoeur descendre lentement les escaliers vers le rez-de-chaussée. Contrebalancer le poids des déchets ménagers en se tenant aux barres métalliques verticales qui protègent des chutes plutôt qu’à la rambarde branlante. Sursauter chaque fois que le sac rebondi bruyamment entre deux marches.
Arriver dans l’entrée de l’immeuble, passer devant la porte qui mène vers les caves en sous-sol. Espérer que les grands sont déjà descendus dans celles qu’ils ont aménagé en bar.
Raté. Ils sont assis dehors profitant de la fraicheur du soir et forment une haie terrifiante sur le chemin qui mène aux containers collectifs.