Maïs, betteraves, 1 château d’eau, des talus de fougères, 1 calvaire, feuillage qui brille, crépi gris, crépi gris, des poignées de maisons blanches aux trois pierres de granit imposées par le permis de construire, l’accumulation des nuages et 3 éoliennes circonspectes. Rien qui ne laisse deviner qu’on se trouve au bord. Déjà l’ancien Electrolux devenu Aqualux et le car s’arrête devant la boutique du coiffeur. En pignon avec le portrait jauni d’un jeune homme bien coiffé dans la vitrine. Elle salue le chauffeur et descend avec la caisse, extirpe sa valise à roulette du flan du bus qui s’éloigne dans un soupir. De l’air. Dans une grande inspiration, elle s’étire, ankilosée d’être restée si longtemps assise. Des borborygmes agacés s’échappent de la boîte qui se secoue sur le trottoir. Elle traverse la chaussée, du côté du garage Renault, pour s’engager sur une petite route, escortée par le bourdonnement de ses bagages. Passe les haies, les jardinets, les murets et les baies vitrées. Arrivée à l’aqueduc aux parapets de fils de fer, s’accorde un répit. Au-de-là du foisonnement des érables, des aulnes, des pruniers sauvages, des ronces, des orties – la mer – haute – claire et sombre. Elle pose son chargement. Les parois de la caisse tressautent et laissent passer un long zinzinulement. Elle secoue sa main engourdie, passe la caisse de l’autre côté. Reprend le grésillement sur les gravillons, dépasse le panneau barré du village, le virage dans les ormes, s’immobilise devant un portail branlant, mangé par l’humidité. Fermé. Enjambe le fossé, là où la haie de fusain est trouée, hisse sa valise, la boîte couine de plus en plus. Elle dépasse l’allée envahie par les géraniums et les taupinières, ouvre la boîte – en angle mort – d’où s’échappe une sorte de nuage sombre.
(j’ai pensé à »la fin de « Kiss me deadly » à cause de l’ouverture de la boite et de ce nuage – en tout cas pour commencer, ça va bien – et la circonspection des éoliennes, en effet oui :°)
Merci Piero de ton retour ! Je ne connaissais pas « Kiss me deadly ». Si on commence le début par la fin, on va beaucoup tourner ; )