Il y a toujours, quelque part, quelqu’un qui arrive. Il y en aussi qui partent plus qu’il ne faudrait et d’autres qui n’ont jamais bougé ; il y a toujours dans ces villes du nord de grandes places vides pour être seul quand on arrive même si autour c’est déjà grand comme une famille. Ces lieux pour d’autres gens qui comme lui, avant. Ces lieux que l’on traverse juste, sur lesquels on se retrouvera avec d’autres quand il sera vraiment là, une fois qu’il aura posé le sac et le reste, que des mots auront trouvés les autres pour lui répondre. Il y a toujours un air pour celui qui arrive, un air entendu, sifflé ou secrètement retenu là, en tête, tout en silence. La musique de celui qui arrive dépend des lieux et du temps, elle se modifie aussi au rythme ou il vit. Celui qui arrive a toujours dans ses poches des tonnes de mal entendu, qu’il dispersera peut-être autour de lui. IL se peut qu’il ne croise personne, reste quelques jours à errer autour des docks et reparte comme il est arrivé sans que jamais personne ne se souvienne l’avoir croisé. Il peut parfois sourire et être remarqué ou courir les nuits le long de la jeté. IL se peut que celui qui arrive vous dérange, de sa présence, de son corps qui signifie que quelque chose advient, que les routes sont là pour amener les gens et les pays faits pour être remplis. Mais les gens n’aiment pas souvent penser à ça. Alors celui qui arrive peut penser qu’il ne fera rien ici, parmi ces gens qui le regardent transparent. Il peut fuir, être chassé, il peut décider de rester, et d’installer ces cabanes éternelles de tôle et de tout sur les talus d’herbe qui bordent les autoroutes. Il peut décider de trouver d’autres comme lui qui arrivent, ou d’autres encore qui sont arrivés il y a longtemps. Celui qui arrive décide. Il n’a pas de famille au pied. Il n’a pas ouvert un œil un jour avec une femme et deux enfants pour lui faire des emmerdements. Il peut choisir de rester seul. Il peut choisir la chaleur et le froid, ce qu’il mange, ce qu’il boit. Il peut choisir d’écouter les bruits, de fermer les yeux, de parler un peu. Il peut choisir de se retirer de disparaitre un beau jour et décider que personne ne va pleurer.
celui qui et IL
belel trouvaille d’écriture
je me suis laissée emporter