8. Habiter quelque part autre que chez soi, pendant les vacances, dans un moulin, pendant trois semaines c’est quelque chose : les toilettes sont dehors dans une cabane en bois, devoir y aller en pleine nuit, un soir de fort orage, le plus violent à ce jour que j’ai connu ; les fourmis qui envahissent toute ma chambre et qui font leur chemin au sol à cause du changement de temps, j’ai préféré dormir dans la chambre d’en haut, de peur qu’elle me dévore. L’eau a un goût de terre ici, mais je la bois quand même, ce serait dommage de mourir de soif pendant les vacances.
14. Remeubler, j’imagine que je m’y ferais, quitter ses immenses baies vitrées du 3ème étage pour un appartement en rez-de-chaussée mal isolé, la fraicheur s’engouffre partout, des portes, des fenêtres, du sol. D’octobre à mai ; et parce qu’il pleut tout le temps, je déambulais toujours dans l’appartement avec un pull, une veste, mon plaid sur moi, ridicule d’après mon père ; le thermomètre dans ma chambre indique 13 degrés, ridicule qu’il dit.Ça sentait le vieux ours, de l’aveu même de la propriétaire, son père est décédé ici, il ne sortait plus depuis des années. Peut-être qu’en remettant nos meubles, j’aurais l’impression d’être à nouveau dans mon appartement.
20. Avec une amie, parfois on habite un château, une ancienne école ou une usine désaffectée. Ces expéditions sont dangereuses, illégales ; la dernière fois j’ai failli traverser le plancher. Souvent la nature est en pleine renaissance, elle fleurit de plus belle dans un milieu devenu muet. La dernière fois dans l’usine, c’était une véritable jungle mélangée aux restes de machines rougeoyantes d’une industrie passée.