Je t’évente comme la mouche bourdonne sur ma tartine de miel
Je t’évente en petit négrillon de porcelaine avec une palme en vraies plumes
Je t’évente comme le mistral où s’envolent les parasols
Je t’évente comme la fenêtre ouverte dans la chambre close
Je t’évente en rythme binaire comme la queue du cheval
Je t’évente en sourdine comme le bruit de la mer
Je t’évente comme un secret trop fort gardé si mal gardé
Je t’évente comme la voile au loin bloquée dans la pétole
Je t’évente de cendre à rouge vif comme la braise dans la maison froide
Je t’évente comme une bougie d’anniversaire
Je t’évente comme une sale blague de dortoir
Je t’évente comme la brise sur ta joue tendre
Je t’évente comme une boule puante
Je t’évente comme le blé qui plie et ne rompt pas
Je t’évente comme le chien qui court après sa queue
Je t’évente comme le chêne à la mort annoncée
Je t’évente comme les draps trop blancs sous le soleil
Je t’évente comme la graine sur la première page du dictionnaire
Je t’évente comme un bon vin oublié
Je t’évente comme la vieille liqueur dans le fond du buffet
Je t’évente comme un amour de star
Je t’évente comme le complot de Latréaumont
Je t’évente comme un projet à douze millions de dollars
Je t’évente comme la truffe du chiot toute proche
Je t’évente comme une nappe secouée dehors
Je t’évente comme un coup monté
Je t’évente comme le passage de l’homme pressé
Je t’évente comme une aile de pigeon