#voyages | Nouveau départ

Je suis le fil rouge. 

Ou plutôt mon doigt. 

Il tourne légèrement, suit insidieusement la courbe. 

Il contourne la ville. Traverse peut-être une vallée.

Point d’éoliennes. 

Je reviens en Bretagne, dans le Finistère. 

Blocs fouettés par la mer. 

Peut-être même qu’en se laissant porter par une vague je peux ainsi finir par retourner en Islande. 

Émerger à Vik.

Y regarder inlassablement la mer. 

Puis repartir sur la plage de l’Estaque, la bouche et les mains pleines de panisses. 

Mes yeux se ferment. 

Je découvre lorsque je les ouvre le mist des chutes. 

Humide et sourde, mon regard erre, je suis éblouie. 

Je vogue même dans le ciel qui devient d’un bleu de plus en plus orgueilleux.

L’Italie. 

Lac de Garde, Mantoue, Venise. 

Course des ombres.

Selfoss sans ombre puisque quasi point de soleil.

Manosque. 

La ville en forme de cœur. Un bol jaune un peu ébréché, des pages qui se tournent. 

Reprendre la route.

On the road.

Rouge sur la carte.

Trois fuseaux horaires. 

Et mon doigt qui s’égare, et mon œil qui s’évade. 

Tous ces petits vaisseaux rouges qui cartographient mes yeux.

Toutes ces lignes vertes, ou carmines, ou jaunes, ou blanches 

Toutes ces lignes qui dessinent des morceaux de vie, des paysages, des villes, des lieux.

Je ferme les yeux. 

Il est tard. 

Je ferme les yeux sur toi. 

Altitude : 352 mètres au dessus de la mer.

La pénombre arrive progressivement.

Les ombres s’allongent, s’étirent, s’évanouissent.

Engloutissement nocturne des sans-sommeils.

La paupière frissonne, tressaille, tressaute.

C’est lors du réveil brusque que l’on s’aperçoit s’être endormi malgré soi.

Le regard vagabonde.

Presqu’un fredonnement 

Bâillements, fatigue.

Le corps lourd qui trahit

L’index en glissant sur la fine peau de la paupière fait se tourner et se retourner le globe.

Un œil se ferme aisément, l’autre pas.

J’ai comme omis que mon corps devrait être pesant.

Où suis-je pendant la traversée de cette nuit ?