Des objets dans l’objet, toujours. Et le froissement minutieux du papier journal qui vient combler les interstices, empêcher les chocs, protéger les objets dans l’objet. Et toujours aussi une courte lettre, fin objet qui se glisse aisément contre le carton de la paroi de l’objet qui contient les objets. Des fleurs, des feuilles, des herbes aussi parfois. Des fruits, des aliments, des objets comestibles capables de voyager. Des conserves en boites en route vers une boite à lettres. Des pierres, un livre, des cailloux, une image, des galets, un oiseau en métal, un éléphant miniature en ivoire, un bout d’étoffe, un parfum d’immortelles, une tablette de chocolat, une boite de sardines. N’importe quoi au fond qui fasse signes, qui mange le temps qui les sépare, réunisse les espaces où ils se tiennent. Ils se touchent ainsi. Il la touche ainsi. Toccala. La toccare, elle. Chaque jour, chaque nuit. Les objets dans l’objet qui voyage bravent tous les interdits, toutes les peurs, toutes les solitudes. Celles qu’ils s’imposent comme celles qu’ils subissent. Ne pas laisser un jour finir sans la toucher. Ne pas laisser une semaine sans faire voyager vers elle des objets qui contiennent des objets qui délivrent et son amour et sa peur d’adulte. Compulsive, la collecte des objets. Obsessionnelle, rituelle, leur réunion dans l’objet qui les transporte. Rituelle, la route vers l’agence postale, l’attente au guichet, la pose sur la balance, la remise de la preuve de dépôt qui apaise enfin son trouble. Toc-care. Elle. Elle qui ouvre sa boite à lettres. Elle qui sourit aux objets dans l’objet. Elle qui le traite de fou, le transforme en amant et dévore les fruits qui ont fait le voyage.
« … qui mange le temps… » Lu ce matin (page 28 – Rien pour demain) le temps jusque là a deux visages, l’un qui n’est que recommencement l’autre que disparitions. Le temps qui revient fait oublier celui qui passe (Remaury) … Toccare Toccala des mots qui dansent
L’amour dans ces gestes, c’est beau
Merci Caroline, merci Nathalie. Entre le recommencement (de nos erreurs) et la disparition (de nos rêves), il y a peut être une place dans le temps présent pour vivre l’envie de vivre. Ce n’est pas la pire des obsessions en ces temps anxiogènes.
la plus forte et belle des obsessions