West pour l’ouest et même far west, au risque de ne faire de l’Atlantique qu’une sorte d’intervalle, au risque de faire fi des fjords de Norvège en profitant de leur excessive politesse propice à l’effacement. Faire fi des détails pour les laisser s’accumuler, aller directement au berceau du creative writing, surmonter sa nausée. Prendre le courage de s’asseoir sur l’impeccable pelouse, laisser son dos se reposer sur un tronc ferme -puisque désormais le temps a été donné à ce que cela pousse là-bas ! Ecouter les clameurs d’une compétition d’universités, savourer la lumière du soir qui se diffuse dans un monde qui parvient à faire croire qu’il est éternellement jeune et nouveau…
Saami pour le nord, là où l’extension de l’espace est à la mesure de la raréfaction des voix. Sifflement de poudre blanche autour de soi, gélification des doigts. Grande nuit ! Nuit que l’on peut suivre de jour en jour sans interruption. Opportunité des courses haletantes allant jusqu’au bord de la fin du souffle, à la limite d’un environnement où l’on ne pourrait plus rien discerner et donc plus rien écrire tant le vent souffle, tant la neige se soulève, tant il faut se concentrer sur chaque pas. Et puis l’abri inespéré, celui que l’on peut chercher en rêve pour trouver l’apaisement du sommeil mais avant ça, savourer le calme d’un intérieur de glace, avec ses peaux de bêtes et ses luisances…
восток, vostok pour l’est avec l’immédiate perspective du double. Parce qu’il y a les bloks construits des villes soviétiques et aussi le souvenir des pavés sur les affiches qu’on revoit de temps en temps en effet de nostalgie au long d’interminables rues droites. Mais il y a aussi le souffle de скипка, skripka, du violon ou du vent, au long d’un sinueux chemin de taïga, la musique qui l’accompagne, forcément en mineur, avec d’incessantes inflexions, une musique de l’ornement, une musique propre à faire sentir tous les soubresauts de la душа, de la doucha, de l’âme… Et la possibilité du tigre, passé ou à venir, partout inscrite !
Bambuxoto, pour le sud et laissant la visée partir très loin, jusqu’à ce que la terre ait été nommée Afrique. Bien en deçà des efforts d’écriture, là où les griots disent avec leur voix et de rythmiques pincements de cordes de kora. La voix n’a aucun souci de se défaire de sa poussière, être jeune n’a pour elle aucune valeur, c’est si naturel ! Elle est prête à laisser paraître toutes ses boursouflures de peau racornie au soleil, son feulement de panthère prête à affronter le tigre et à laisser couler le désir par la piste qui lui plaira.
seuls mes yeux intérieurs me le permettraient (tant mieux ils rouspètent devant l’écran;) tenter de mémoriser les phrases, fermer les yeux, chercher à retrouver
Tiens, tiens, des yeux qui rouspètent… Et alors, les mots, eux, se mettent à ciller ?