Sur les quelques centimètres carrés de la table aux lattes de bois bleues et chêne, au-delà du quart pression que je suis en train de boire laissant la mousse coller les parois du verre, de la musique de fond un peu jazzy et des éclats de bonjours des clients-amis qui entrent, restent et repartent, vient se glisser une voix. Aucun problème ! J’ai anticipé, tu vois. Je bois pour attendre. Bien que m’étant placée face à l’entrée, je devais penser à… le voilà dans mon champ de vision. Je ne remarque que le sweat à capuche en coton gris pâle et cette voix, singulièrement plus grave qu’à l’accoutumée. Agréable. Les bonjours de circonstance n’ont pas lieu, comme à s’installer bien vite dans une habitude de mots que nous avions laissés suspendus… Non, nous nous sommes vus après l’épisode du cargo échoué sur la plage… Sa voix moins aigüe me dérange un peu, mais j’apprécie ce côté chiffonné, un peu las, qu’il a ce jour. Être simplement. Même ce conseil, que je pouvais ôter mon manteau sinon j’allais avoir froid en sortant, je le suis. Je me laisse porter par la voix, la lenteur de ce tête à tête. Mais non, un échec n’est qu’une expérience qui n’est pas celle qu’on aurait voulu. Les olives de Cerignola en saumure n’ont duré qu’un instant. Tout comme les chips. Les cacahuètes nous résistent encore. Quelques-unes des questions sont sans réponse. Elles s’interposent comme une idée à la place d’une autre, notes de couleurs, tâches de lumières qu’il essaie de poser sur son propre récit, oublier finalement, logique, raison et taire, simplement taire… toxique. Mais si tu veux quelque chose de cathartique, certaines cérémonies bouddhistes, dis-je, éludant la poésie et les cercles littéraires. Il se lève un instant, plus droit, plus solide. Travailler dans le tourisme… Oui, médiateur est aussi une solution… le quotidien revient comme une urgence, nécessité de non dire que l’instant où n’avait cessé de se refléter sur la table aux lattes de bois bleues et chêne un complice rayon de soleil de février.