Ce matin, nous étions assis autour de la table du petit déjeuner. Elle jouait calmement dans le salon. Le chat noir en boule compacte sur le radiateur. Et si nous partions en Bretagne cet été ? Le temps tourbillonnait en flocons derrière le carreau de la fenêtre. La départementale quatre vingt neuf déroule ses derniers kilomètres. À droite, la plage avec son ciel toujours plus bas qu’ailleurs. Au détour de la route, la promesse d’une parenthèse encore inconnue que nous rêvons faite de longues ballades, de cerf volants, de mûres et de vers luisants. Promesses tenues. Le temps d’un soupir, puis vient irrémédiablement le départ. Les adieux que l’on adoucit à l’idée de retrouver le chat noir qui a dû tromper l’ennui en chassant les mulots au jardin. Avant de tourner la clé on se promet les retours. C’est à celui qui apercevra le premier la mer à droite de la nationale. On lèche le sel des embruns sur nos lèvres. Derrière le bosquet de pins, après le camping et la boulangerie du port : le bonheur intact dans notre petite maison de vacances au toit d’ardoises d’un gris qui n’existe qu’ici. Le rituel d’un après-midi à la plage pour récupérer de la fatigue du voyage. La voiture s’est agrandie, à présent nous sommes quatre. On aura bien le temps de songer au départ le cœur serré, à la fin des vacances et au tableau trop noir de l’école. La vie c’est un peu comme le panneau de bois en bord de route ce jour là : un spectacle bruyant et intense dont on ne ressort pas indemne. Parce qu’après l’insouciance et la liberté de ce temps hors du temps, il faudra affronter à nouveau le froid et la neige. Et puis ensuite ? Il n’y aura probablement plus rien… Ce n’est pas tout à fait exact. Il y a ce matin où elle est assise à la table du petit déjeuner, son ventre n’en finit plus de s’arrondir. Le chat noir est mort. Te souviens-tu de nos été en Bretagne ? Je ne réponds pas. Je pense à Plurien, sur la route des vacances. Et au bout du voyage, la promesse, un peu folle, d’arrêter le temps.
Des souvenirs plein de subtilités et de nostalgie fragile. C’est vraiment beau, je retrouve cette boule qu’on avait dans la gorge lors de ces instants de voyages en voiture. Merci Géraldine.
Merci Jean – Luc. Oui, il y’a le hors cadre spatial qui on voit bien dans nos différents textes nous mène au hors cadre temporel. Merci encore
(j’aime beaucoup) (très joli)
Merci Piero
de la grâce dans ce texte, comme le temps passe… (je l’ai photographié ce panneau irrésistible)
Merci Catherine, d’ici a y voir le message que le bonheur est fait de peu de choses…
promesse un peu folle, ai pensé à une belle expo vue à Porto, « arriver sans repartir », (crois bien que ce sera le titre de mon journal photo demain)
Les promesses ne sont elles pas toutes un peu folles?
Merci Caroline