PLL #01 | disparate

© Kat Parker

Sols d’un vieil appartement parisien en enfilade, petits carreaux égratignent, moquette moelleuse, foncée, déchaussés à l’entrée, les nus pieds foulent, les bottes pompiers gisent devant porte, le chat noir a peur, des coups pris dehors et caserne. Il s’enroule autour des pieds nus d’une petite fille pendant ses devoirs, premières lunettes. Les pieds se déguisent, les pieds premiers deuil, les pieds unique deviennent sœurs, les pieds premières peurs, d’enfants, celles qui n’assassinent pas, des pieds rient amitié, premières lectures avec Arthur Belo et Mina. Du vomi aux fraises sur les petits carreaux, la baignoire collée cuisine. Des cafards s’invitent, le sol dit venez bienvenus. Dehors , les escaliers craquent, les bottes claquent, nuit/jour, il faut monter haut pour les petites jambes, un bébé pleure une année entière. Les prémisses d’une vie à quatre dégondée suite, puis d’autres sols.


Un sol tourne en rond, du lino gris passent des portes, elles desservent les pièces maisons, des chambres une cuisine et un cellier d’où le chat passe chez les voisins, Niagara chante révolte, les pieds mouillés se rendent à la piscine, expulsent loin, en sirène, le vomi revient, un virus d’abord puis un grand père. La petite fille se dessèche, le sol en rond conserve les souvenirs, il s’agit d’enfouir et au suivant.
Un sol rez-de-chaussée, donne sur une terrasse beige devant une butte, les voitures derrières pleines vitesses écraseront le chat après chatons, devant la butte, du vert, de la nature pleine ville grise, une impression de sol protégé, ici, la petite fille devenue grande sœur responsable, son tour de garde. De la fumée de cigarette sur les doigts, les pieds rebondissent dans les gymnases, les ballons baskets résonnent dans les mains, les pieds palment ondulent encore un peu, gagnent des médailles puis s’émancipent, disent non, enfin, une rébellion sauvage à la suite.


Une maison, des tomettes rouges un peu cassées, un sol disparate ne se laisse pas compter les frasques adolescentes, à la recherche d’appuis véritable, branlant le sol secoue, souvent, il sanglote d’impuissance, facilement, premiers émois sans ligne droite, le sol vacille, les pieds ne savent pas conduire loin, pas encore, ils se débattent, et s’insurgent, le sens perd solidité. Partir n’existe pas, fuir voudrait. Un grand nombre de sols instables et le gouffre plus bas. Les pieds cherchent, des chats autour veillent.
Parcourir du béton pied nus, de l’herbe pique, la faïence fissurée coupe, une allée imparfaite dit bienvenue chez toi, des arbres se perdent, à perte l’élancement vert, de l’eau goutte devant tes yeux, ici tu trouves le bon endroit. La maladie n’aura pas raison, ce n’est pas un tombeau découvert, plutôt une avancée lumière. La petite fille a trouvé un repère, elle dépose les secrets au sol et les foulent délicatement à l’aube, d’autres petits pieds se joignent, nus et vaillants, ils parcourent l’animosité et caressent joue à joue. Un chat gris pelote une couverture cocon et les ventres.


Sol lunaire, sol sableux, sol incertain, sol vide, infertile, un corps plonge au sol, il délie les couches de rien, la bouche face sol, il s’évapore.

2 commentaires à propos de “PLL #01 | disparate”

  1. Lire et écouter en même temps. Merci. Sols, pieds et super fin ou codicille. Beaucoup aimé le texte et dans lui les infinitifs qui deviennent sujet  » fuir n’existe pas, partir voudrait » l’allée qui dit bienvenue, tout ce qui alterne pour venir tenir la place et le role du sujet, le fil rouge du chat aussi.

  2. Merci Anne pour la lecture et le commentaire. J’ai fini les 40 jours et je voulais continuer d’explorer. J’ai donc plonger dans le cycle pousser la langue. Je n’arriverais pas à tenir un par jour mais je vais quand meme tenter très régulièrement. Je crois que meme si il faut ensuite y revenir et retravailler les premiers jets sur le fil permette de justement pousser la langue. Je me suis fixée comme objectif de toujours ajouté la voix à présent. Je crois que l’une ne va pas sans l’autre d’autant que j’écris systématiquement à voix haute, l’un et l’autre mélé. Belle journée