Un soir d’été dans un champ près de Reillanne, dans les Alpes de Haute-Provence, peut-être qu’à l’époque le département portait encore le nom qui complexait parait-il ses habitants, les Basses-Alpes. Je comptais les étoiles filantes comme d’autres les moutons, et j’ai fini par m’endormir sur l’herbe sèche.
Il m’est arrivé de dormir dans des draps de soie, j’en garde le souvenir d’une agréable sensation de douceur sur la peau et d’un sentiment râpeux de culpabilité venant heurter mes convictions politiques. La lutte des classes passe aussi par la rugosité de la couche.
J’ai dormi enveloppé dans un rouleau de fausse fourrure 100% polyester, c’était l’automne, j’étais bourré. Je n’ai pas fait la différence avec de la véritable peau de léopard.
J’ai dormi quelquefois dans un sac de couchage acheté dans un surplus militaire des puces de Clignancourt. Kaki, forcément kaki, avec une capuche et des manches, une sorte de turbulette pour adulte au front.
J’ai dormi sur la paille, une fois. Couvert de piqûres d’araignées, de puces et autres bestioles inopportunes, je n’ai jamais renouvelé l’expérience.
Une nuit, j’ai partagé un lit deux places en 160 cm de large équipé d’un drap de 140 cm de large. Ce fut une lutte incessante pour s’envelopper dans le drap, et j’ai pu constater à cette occasion que le dormeur n’a pas le sens du sacrifice très développé.
Pas plus tard que la nuit dernière, il faisait encore 24 degrés à 23 heures. J’ai dormi sur le drap.
J’ai toujours rêver de me glisser sous une couverture en cachemire sans retirer ma rolex de mon poignet. Il m’arrive de rêver en totale contradiction avec mes idées politiques, et ce n’est pas désagréable.
J’ai dormi dans tes bras. Je m’y suis senti bien.
Je n’ai encore jamais été embobeliné dans un linceul. Pas encore.
« La lutte des classes passe aussi par la rugosité de la couche. » Ca m’a touché, vraiment
préférence (et tant pis pour les « classes », quand on a la chance de profiter du doux en passant, sans en faire une banalité) pour la soue surtout comparée à la fausse fourrure (quoique si environnement froid 🙂 … plaisanterie à part aimé cette déclinaison d’expériences
Hello Rémi,
j’attendais le linceul, au moins en test, enfin, on peut pas tout raconter, pas vrai ?
une chose encore : ces couches touchent juste !
Cath
Salut Catherine,
Heureux de partager avec toi cette aventure nouvelle pour moi qui s’annonce passionnante !
Pour le linceul, tout vient à point à qui sait attendre !
Rémi
j’aime les ruptures . Le rythme. L’humour. Les matières: herbe sèche, soie, fourrure (fausse). Cachemire. Bras. Dormir est une histoire de touchers ( et de lutte)… que est le toucher du linceul?
Nathalie,
La lutte des classes s’exprime même dans le linceul, foi d’ancien croque-mort ! Mais qu’il coûte 90 ou 900 euros, le principal intéressé ne fait pas la différence au toucher.
Merci pour votre commentaire.
Rémi