Jeudi 8 septembre 2022, dans le café en face de chez moi. Ce matin il fait vraiment plus frais, je choisis de m’installer à l’intérieur, je commande un thé au lait, j’ai un livre à finir, des notes à prendre, un texte à écrire, du pain sur la planche. Elles sont déjà là, elles papotent, contentes de se revoir. Je lis, je stabilote, je travaille, en moi les mots se déposent, des idées jaillissent, des envies me parcourent, il me semble qu’un projet se met en route… Je ne sais pas bien encore de quoi il s’agit, pour l‘instant je suis simplement à l’écoute de toutes ces sensations. Au bout de trois quart d’heure il arrive, il commande un café, la serveuse le connait, elle l’appelle par son prénom mais il ne fait pas la conversation, il s’installe dans mon axe, quelle chance ! Il regarde, d’un coté, de l’autre, en l’air, devant, dehors, il regarde, il est là, tout simplement, tellement présent et discrètement je shoote. J’ai choisi cette photo pour la grâce et la mélancolie de sa pose mais aussi pour la dame au deuxième plan, elle penche la tête dans le même sens que lui. Le parallélisme de leurs positions, on dirait qu’ils se sont rejoints, qu’ils communiquent.
Jusqu’à présent dans les cafés, je collectais des phrases dites par les un.es et les autres puis je composais des « Poèmes de rue ». Aujourd’hui je collecte des images en photographiant les un.es les autres. Le son sans l’image, l’image sans le son, des bouts, des fragments, de l’ordinaire, de l’humain, du collectif. Rassembler, scénariser c’est peut-être ça le projet ?…
Belle photo en effet.
Documenter le réel demande d’être à la fois en alerte constante et opiniâtre.
Merci pour ces deux textes et pour cette photo.
merci Fil, oui il se passe tant de choses dehors, tu me diras dedans aussi…
Il va aussi parfois aux folies – on est voisins alors ?
c’est au relais à l’angle de la rue Tourtille et rue de Belleville côté 20ème, j’habite juste en face, au dessus du Pacifique, côté 19ème. A bientôt dans le tierquar
Tous ces gens dans le coin, il y a un nid du tiers livre dans le quartier!… Jolie photo en effet… Et je partage le petit plaisir de garder les conversations entendues dans mon carnet. Pendant les vacances je prenais des photos, j’écrivais le dialogue et je décrivais l’ambiance et je documentais en direct le quartier en envoyant le tout à des amis parfois.
Les passants n’imaginent pas à quel point ils sont inspirants. Très jolis penchés de têtes, comme à l’écoute de quelque chose, de ce texte qui s’élabore à deux pas?
le penché des visages, l’oblique du regard, la main fermée , la cuillère dans la tasse de verre… les trois fleurs ou pompons au dos de la dame… je saisis la continuité dans ton travail (le lien entre les images aujourd’hui et la collecte des phrases hier) j’aime l’énergie joyeuse qui se dégage du texte, comme un départ.