La porte latérale d’un camion Ford Ducato est ouverte, un homme d’une quarantaine d‘année finit une banane, il est assis sur un vieux draps rose qui le protège de la poussière, il porte une doudoune kaki, un jean noir. Dehors il y a du soleil mais il semble faire froid, l’homme rentre légèrement la tête dans les épaules, il a les jambe serrées, il est rassemblé sur lui même, comme pour garder la chaleur. A côté de lui, un pot de yaourt à la framboise vide, un sac plastique blanc, deux bouteilles, une valise rouge. Derrière lui des sceaux de peinture vides, une étagère, des outils. Il a l’air pensif :
-« Dire qu’elle ne me laisse même pas manger dans la pièce où je travaille. Je ne demande pas de déjeuner à sa table, de partager son repas, non juste de rester au chaud sur mon chantier. Depuis 3 semaines, je suis en train de lui aménager son sous sol en 3 pièces, (pour un prix d’ami en plus), puisque c’est la cousine du copain de ma sœur, qu’elle lance son activité, et qu’elle n’a pas beaucoup d’argent … Bon toujours est-il, qu’à partir de maintenant elle préfère que je déjeune dehors car elle pratique son yoga entre 12h30 à 13h30 dans la pièce adjacente et ça la dérange de m’entendre, de me savoir à côté, de me deviner. N’importe quoi, c’est vraiment n’importe quoi ! Faut le voir pour le croire, dès 12h, elle descend, elle met une musique zarbi (soit-disant relaxante), elle fait brûler de la lavande et du thym pour assainir l’air, chasser les miasmes et les odeurs, elle parle même de débarrasser l’espace de mon énergie masculine, tout juste si elle n’a pas parlé d’exorcisme. N’importe quoi, c’est vraiment n’importe quoi. J’y comprends rien moi à « sa culture du bien-être » (comme elle dit ) ou alors le bien être c’est pas le même pour tous! Bon, je vais aller boire un café « au p’tit bonheur » pour me réchauffer et je vais retrouver mes glingues, ce sera l’heure ! »
(quelle ingrate…!)
une garce même!
Comme j’aime tes parenthèses si expressives, ton style!
Merci Piero pour ta lecture
Élan de solidarité vers cet homme qui mange au cul de son véhicule utilitaire et envie d’aller Au p’tit bonheur pour boire un café avec lui ! et même de l’inviter pour bavarder un moment…
Possible d’imaginer des monologues différents à partir de cette photo, inventant d’autres situations, c’est ce qui m’est venu à l’esprit
Et bien contente d’être passée par chez toi, chère Cécile…
oh oui imaginer des monologues, des bribes, des bulles, faire parler des photos, écrire à partir d’expressions photographiées je trouve cela tellement stimulant merci Françoise pour ton passage, ta lecture, tes bonnes idées, tes mots