#Photofictions# 9| la pierre du soleil

Debout devant le rocher, il parlait avec un peu de solennité et lui racontait son histoire: Je t’ai emmenée dans un des lieux les plus porteurs d’histoire du village, toi qui es si attachée justement à ce village. On l’appelle la pierre du soleil, c’est un endroit très ancien. Les anciens, nos anciens, et tu n’imagines même pas des anciens encore plus anciens qu’il est possible d’imaginer venaient là pour prier, pour s’adresser au soleil. C’était leur dieu tu comprends. Et là ils invoquaient leur dieu pour que les récoltes soient bonnes, pour qu’il pleuve, pour que le soleil brille, pour que leurs femmes portent un enfant, pour que l’accouchement se passe bien, pour que le père ou la mère guérisse, que l’enfant échappe aux maladies, enfin pour toutes ces choses qu’on ne savait pas maîtriser. Ils priaient, comme on a prié de partout dans le monde pour se réconforter, se donner du courage. Pourquoi ici précisément ? Eh bien parce que nous sommes sur un des points les plus élevés du village, d’où l’on peut voir loin, et peut-être aussi parce qu’ainsi on se retrouve plus près du ciel, va savoir… Toujours est-il qu’ils venaient là… Hum, tu vois les stries sur le rocher, les rainures incrustées dans la roche, les sillons qui descendent jusqu’à la terre. Tu peux toucher. La pierre, c’est du granit ; il y en beaucoup dans notre région ; approche-toi ; caresse la texture du lichen qui reste accroché dessus depuis des millénaires. Assieds-toi sur le rocher et contemple le paysage, c’est magnifique n’est-ce pas ? Revenons à l’histoire ! Donc ces rainures : tu vas comprendre à quoi elles servaient. Allonge-toi au sommet de la pierre, étire-toi bien, écarte les bras et les jambes, écarte bien les jambes, et fixe le ciel. La légende raconte qu’il y eut des sacrifices humains sur cette pierre, et que le sang des hommes ou des enfants sacrifiés coulait dans ces rainures et nourrissait la terre afin que tout aille mieux…

Au loin, des voix appelaient la fillette avec insistance.

Saint-Amans-des-Cots

Mots clés: curiosité naturelle/ Margeride/ hiver 2020