Ils sont dix-neuf ou peut-être d’avantage ils sont toisés écrasés en couleurs vives dans une lumière pauvre d’automne un peu humide semble-t-il entre une bande d’herbe pelée et un espace vert vif et violent coupé par un petit muret de pierre ils sont toisés ou écrasés vus d’en haut par un appareil bustes portés par des jambes en fuite visés sans doute depuis une péniche amarrée contre cette rive sur laquelle ils se tiennent et qu’une autre photo qui a glissé hors du même paquet montre les portant alignés sur deux rangs et souriant au photographe sur la rive l’un d’eux celui qui les domine maintenant ou un autre il est difficile de le savoir parce que sur la photo trop vite regardée de la guirlande sur le bateau les corps étaient tassés et des bouts de bras d’épaules ou des mèches de cheveux semblaient indiquer des présences invisibles et parce que dans le groupe sur l’herbe les trois hommes plus ou moins jeunes qui occupent la lisière gauche de l’image un homme en chandail rouge sous veste imperméable bleue assortie au pantalon de velours verre en main comme presque tous et lèvres en avant pour pousser un mot le jeune homme aux sourcils froncés en veste kaki et sweet blanc d’où dépasse le col d’une chemise à carreau dont le buste émerge par dessus son épaule et celui qui derrière lui n’est qu’une tête souriante le haut d’une veste de chasse et un fin col roulé gris regardent tous vers quelque chose ou plus vraisemblablement quelqu’un ou quelques personnes hors de cadre à gauche comme le fait avec un sourire franchement amusé une femme un peu plus au centre verre en main aussi et belle veste vert sombre à parements bruns jolie tête aux courts cheveux noirs frisés derrière laquelle une femme dont on voit surtout le casque de cheveux blonds de profil et le haut d’un trench beige tend le bras pour attirer l’attention d’un homme au crâne légèrement dégarni bouche tendue en une ébauche de sourire attentif en regardant les lèvres de ce visage tourné vers lui tous deux occupant la gauche de la partie la plus éloignée de cette courbe que tous hommes | celui qui limite l’image à droite tient en main une bouteille de champagne | jeunes femmes ou adolescentes dessinent autour d’un couple aux cheveux blancs l’homme à gauche debout appuyé sur une canne de bois gilet sans manche sur un épais chandail de marin regarde aussi vers la gauche et séparée de lui par une longue boite enveloppée de papier kraft sur laquelle est posé un cartonnage carré bleu et une toute petite fillette qui elle bien sûr ne tient pas de verre mais joue avec une grande enveloppe blanche celle qui semble constituer le centre ou le coeur la femme assise sur un pliant toute de sourire rose et de rondeurs gracieuses et confortables en veste de gros lainage bleu joli foulard noué avec une désinvolture soignée et jupe blanche sur laquelle sont posées ses mains vides elles aussi les yeux flottant sur on ne sait quoi ses idées peut-être quelque part entre les deux derniers personnages qui devant le groupe semblent s’en échapper une femme à gauche dont les jambes gainées d’un jean clair dessinent un grand pas et le buste en chandail de jacquard bleu gris et blanc se courbe légèrement pour protéger quelque chose qu’elle tient et vers lequel elle penche son visage peut-être un appareil de photo dardé vers une fleur ou un caillou au sol et à droite une petite fille en salopette et chandail bleu avec un col Claudine bordé d’un feston courts cheveux retenus par une barrette et profil net et beau comme un camé avançant toute son attention captivée par un très grand papier cadeau rose doublé de blanc qu’elle fait danser devant elle.
Il y avait deux ou trois péniches je ne me souviens plus juste ce qu’il fallait pour qu’y campe pendant deux jours presque toute la tribu telle qu’elle était à l’époque. Ai regardé vite cette photo retrouvée dont je ne suis pas arrivée à savoir qui l’avait prise puisque je suis dessus alors qu’elle fait partie d’une série prise par mon appareil.
Je me suis demandé un moment si la fiction était en italiques – je croyais que celle qui prenait la photo du caillou (ou de la fleur) c’était vous (mais non puisque vous n’aviez plus votre appareil vu que c’est par lui qu’existe l’image) – me voilà perplexe… rythme magnifique en tout cas – merci… (on s’amuse et on trinque avec bous/eux)
vous vous êtes posé même question que moi – solution ; j’avais deux appareils (ça m’arrive et j’avais prêté celui dont je me sers le plus souvent, parce que oui je suis en avant à gauche