À la maison, chez moi. L’oeil se promène et s’ennuie. Il n’y a pas grand chose. Un chat qui dort en faisant des ronds parfaits. Quelques meubles de bois avec des petites cavités qui ont été largement baignées de xylophène. Un canapé rouge drapé dans un plaid en polaire vert anis. Un piano toujours ouvert. Des livres. Quelques plantes. Un poêle et son bois. Une malle. Des Cd. Un porte-manteau. L’oeil se barbe, vague et divague. Comment faire. Comment retrouver un regard pertinent. Comment trouver puis retrouver du mystère, de l’inspiration. Comment faire. Comment se stimuler. S’entraîner de nouveau à regarder autour de soi avec un regard neuf. S’entraîner le regard. Faire et refaire sien si votre quotidien vous paraît pauvre ne l’accusez pas. Accusez-vous plutôt, dites-vous que vous n’êtes pas assez poète pour en convoquer les richesses. Il y a un chat, des meubles, des rideaux de voilages colorés, un canapé rouge que je dois regarder d’un regard neuf. Nulle pauvreté ? Mais pourquoi ai-je choisi ce rouge si rouge. Et ce vert anis. Finir par ouvrir la porte, regarder le jardin. Chercher, rechercher un quelque chose, une poésie là encore dans ce paysage si connu. Dans les volubilis qui croulent. Dans les marrons à terre. Dans ce ciel blanc, trop blanc, d’hiver. Regarder le marronnier dépouillé, grand, âgé. Sage. Peut-être trop.
Voilà qu’il danse. Léger, diaphane. Ci et là son corps se devine. Valse féerique.
Le ciel blanc prend sa place et joue avec l’arbre. Il en grignote la chair par endroit. Contraste.
Enfin le squelette de l’arbre surgit. Victoire sur le blanc. Victoire sur le ciel. Il vibre avec orgueil. La silhouette éclate. Comme un cri?
C’est comme voir au-delà de ce qui se laisse voir trop facilement, voir l’invisible.
J’aime beaucoup cette définition, voir l’invisible. Merci pour le passage et ces mots, très beaux.
Bonsoir Cecile
Après une belle réflexion sur l' »extrême proche » surgissent littéralement trois magnifiques photos de cet arbre. Merci beaucoup pour ce beau moment !
Merci. Cette série est née un jour d’ennui, je suis toujours étonnée de voir le contraste entre ce qu’elle dégage et d’où elle est issue.
Ce quotidien que vous qualifiez de pauvre est pour nous, lecteurs, d’une énorme richesse ! Merci pour ce texte, Cecile !
Très touchée, merci.
me touche beaucoup ce « dénuement » et cet « ennui » : essentiels.
Grand merci Nathalie. Je remarque juste maintenant ton passage. Honte à moi… oui, l’ennui, inconfortable, est une belle source de renouvellement et de réécriture constante. Le dénuement, plus le temps passe, et plus je l’aime.