#photofictions #09 | Caravane

C’était quand il était cadre d’entreprise dans une grande ville, quand il avait des rêves plein la tête surtout du genre rêve américain. Quelques potes dans un garage et si on créait une startup ? On invente un concept, une appli et le tour est joué, enfin si on peut dire, car ils bossaient jour et nuit. Ils l’avaient trouvée leur idée et ça tenait la route on le leur avait dit et lui, il y croyait et ses potes aussi. Mais c’était lui le meneur, il y en a toujours un, c’était lui qui les tirait quand certains disaient et si on allait boire un coup, non leur répondait-il, faut qu’on termine ça ce soir ou cette nuit au plus tard, faut que demain ça soit en ligne et ça l’était, après ils étaient tous contents, fourbus mais heureux de voir que ça marchait. Par la suite ça a tellement bien fonctionné qu’ils ont pu louer des bureaux dans cette grande ville, c’en était fini des soirées et nuits interminables dans le garage ou dans la chambre, c’étaient trois petites pièces dans un immeuble ancien pas loin du centre-ville, il a d’abord fallu mener tout en parallèle avec les quelques travaux indispensables pour rendre les lieux présentables pour les clients et visiteurs potentiels. Pour tenir le coup, ils se sont mis à prendre de la coke en plus des pétards qu’ils fumaient déjà régulièrement, oui mais la coke c’est pas bon marché oui mais la coke c’est la dépendance, la soumission, on ne sait plus qui on est et quand est venu s’en mêler un virus échappé on ne sait comment d’on ne sait où en Chine et qu’au long de son périple il est arrivé dans cette grande ville, on a fermé les bureaux mais on a dû payer le loyer, la coke et le reste même si on pouvait continuer à bosser en ligne mais la motivation n’y était plus, chute libre. Heureusement, il n’était pas encore trop tard pour lâcher la coke. C’était quand il s’est dit là mon vieux tu vas droit dans le mur, quand il a repéré cette caravane abandonnée que son nouveau rêve s’est fait jour.

Bois et forêt; Biarville