pourtant prévenue que le diable se cachait dans les détails. Mais je voulais danser à jamais devant la mer sous la lune dans le vent. Nul ne pourrait jamais s’opposer à la force de ce désir. J’en avais mérité la satisfaction, dans mon sang lui-même répandu, dans mes larmes versées, mes douleurs muettes. J’en dressai les plans moi-même. Comme j’ai aimé leurs rebuffades. J’ai tout entendu. Anachronique, insolite, hirsute, cauchemardesque, hystérique bien-sûr, tout simplement impossible à réaliser, impossible à faire, impossible. Tous les corps de métiers s’étaient ligués contre mon rêve. La confrérie des empêcheurs s’était ébranlée, leur opiniâtre procession s’était mise en marche, bientôt rejointe par tous les notables de la ville. Aucun ne m’a épargnée. Nul ne m’a comprise. Et bien que leurs refus se transformèrent bientôt en une grande furie, je les ai tous achetés. Chacun avait son prix, et l’argent ne fut pas l’unique monnaie. L’orgueil surtout devait être débourré, éduqué, dressé, charmé ou dompté.
Les travaux de construction, une fois tous ces écueils roulés sous la paume de mon obstination, durèrent un temps infini. Mais mon château se dressa un jour tel que je l’avais vu. Du rocher pur sculpté à la sueur des fourmis. Et lors de l’inauguration, sa lumière se répandit sur la lande. Mille et une flammes dirent à l’océan ma victoire. J’ai dansé, oui, je me suis étourdie dans le champagne, j’ai hurlé à la lune et au vent et à l’océan mon triomphe absolu. J’étais ivre de puissance. Terrassés les insignifiants. Toute lumière coulait des fenêtres comme de la lentille d’un phare.
Et dès cet instant, je sus que cette tâche m’avait tout pris. Il ne restait plus rien, ni de ma force, ni de mon rêve, ni de mon élan. Le conte se muait soudain en verrue. Ils étaient tous là, singes bedonnants me faisant signe de l’oeil. Tous ceux qui avaient cru m’avoir pensaient en ce moment crucial que c’était quand-même quelque chose la volonté d’une femme riche aux cheveux courts.
Alors je m’enfermai dans la plus haute tour, nouai la corde autour de mon cou, et rejoignis
Mots clés : 2017, été, villégiature, dépôt de bilan, granit, vannetais
Que le désir s’épuise à se faire des châteaux oui
Ça, exactement. Merci !
Quel beau monologue, une version audio peut-être?
Avec joie, dès que j’en maitriserai l’outil !
(clin d’oeil)
Oh, j’adore ! Un peu de Gatsby en femme…
Merci !
Une (grave) lacune pour moi, Gatsby, pourtant. Livre comme film passés à côté.
Juste la piste de l’imaginaire demeure démesurée, et les traces du chantier infini, de l’orgueil inabouti.