Déjà collectés ces mots comme prémonitions, toujours à l’affût de la trame qui te suit en parallèle comme un monde qui s’entrelace avec le tien tu les observes les captes un à un les sauvegardes dans ton escarcelle numérique où ils peuvent rester dormants pendant des semaines voire des mois tu ne sais pas s’ils réapparaîtront remonteront à la surface pour l’instant ils s’y accumulent en vrac jusqu’à ce jour où tu décides de les mettre en scène dans ce long couloir blanc on dirait un couloir d’hôpital tu te crois dans un rêve est-ce vraiment un couloir tout est blanc le sol le plafond les murs tout se confond seuls jaillissent les mots comme des lames chaque lettre se détache en noir sur fond blanc sur le mur de gauche STAR apparu en lettres blanches sur le fond rouge d’un container de chantier on passe devant on n’y fait pas attention ici il s’impose d’emblée qu’est-ce qu’il nous évoque en premier à chacun d’y trouver sa signification faut-il le traduire en faire un anagramme pas le temps de réfléchir que déjà 1ER MAI RÉVOLUTIONNAIRE alors qu’il s’étalait à la bombe de peinture rouge sur la vitre d’un super marché nous éclate à la figure en noir sur fond blanc dans toute sa sobriété le 1er mai sera révolutionnaire ou ne sera pas cette année maintenant on le sait il n’en a rien été des slogans vidés de leur substance pour certains espoirs déçus pour d’autres et pourtant rien ne s’inscrit dans le marbre ici on est en noir sur fond blanc des lettres pour certaines peintes à la bombe graffiti d’autres au pochoir mais il suffit de tout repeindre en blanc pour les faire disparaître et qui s’en souviendra TRANSFORMATION sorti de son contexte explicatif des travaux d’extension d’une ligne de métro s’affiche au fond du couloir en diagonale partant du bas vers le haut on croit trouver une porte pour s’échapper la transformation fait peur mais non ! le mot s’étale en lettres noires sur un écran blanc de projection qu’on doit contourner pour accéder au mur percé d’une porte qui s’ouvre sur une pièce plongée dans l’obscurité les murs sont peints en noir un œil électronique est connecté à un interrupteur qui illumine des lettres blanches se découpant sur le mur face à nous SPACES apparaît aveuglant issu des graffitis hyper-colorés d’une station de métro encore une fois on cherche la porte toi car on vient tout d’un coup à manquer d’espace toi seul.e sait où elle se trouve.