La photo d’elle sans moi n’existe pas. Qu’est-ce que ça raconte de celui qui s’est acheté le matériel dernier cri, appareil photo d’abord, pour passer peu après à immortaliser les mouvements depuis les premiers pas, mais jamais de gros plan sur elle sans moi, sur son visage qui affiche jeunesse et insouciance rieuse, mais c’est vision fugace. Elle passe. On ne s’attarde pas. Déjà une autre image, un autre mouvement a retenu l’attention de lui tenant la caméra. Ses cheveux longs, libres sur les photos en noir et blanc ou sur le film sans couleurs, on les imagine foncés sans plus de précision. Bleus, ses yeux, on ne le saura pas. Le penser amoureux. Comment l’idée a-t-elle germé ? Lui dont on sait si peu. Qui ne se raconte pas. Qui a abandonné à sa femme le récit de l’histoire familiale. Et le peu qu’elle en connaît elle l’accommode à sa sauce. Et bien sûr à la fin on ne sera sûr de rien. L’a-t-elle cru amoureux ? L’a-t-elle pensé ? Ou une juste crainte à les laisser seuls tous les deux quand elle partait travailler ? Mais lui dans tout ça ? Absent.
Il y a quelque chose de touchant dans ce flou, ces questionnements. Je retiens « Qui a abandonné à sa femme le récit de l’histoire familiale ». Inspirant.