#photofictions #07 | D’elle sans moi

La photo d’elle sans moi n’existe pas. Qu’est-ce que ça raconte de celui qui s’est acheté le matériel dernier cri, appareil photo d’abord, pour passer peu après à immortaliser les mouvements depuis les premiers pas, mais jamais de gros plan sur elle sans moi, sur son visage qui affiche jeunesse et insouciance rieuse, mais c’est vision fugace. Elle passe. On ne s’attarde pas. Déjà une autre image, un autre mouvement a retenu l’attention de lui tenant la caméra. Ses cheveux longs, libres sur les photos en noir et blanc ou sur le film sans couleurs, on les imagine foncés sans plus de précision. Bleus, ses yeux, on ne le saura pas. Le penser amoureux. Comment l’idée a-t-elle germé ? Lui dont on sait si peu. Qui ne se raconte pas. Qui a abandonné à sa femme le récit de l’histoire familiale. Et le peu qu’elle en connaît elle l’accommode à sa sauce. Et bien sûr à la fin on ne sera sûr de rien. L’a-t-elle cru amoureux ? L’a-t-elle pensé ? Ou une juste crainte à les laisser seuls tous les deux quand elle partait travailler ? Mais lui dans tout ça ? Absent.

A propos de Anne Dejardin

Projet en cours "Le nom qu'on leur a donné..." Résidences secondaires d'une station balnéaire de la Manche. Sur le blog L'impermanence des traces : https://annedejardin.com. Né ici à partir du cycle«Photographies». Et les prolongations avec un texte pour chaque nom qui dévoile un bout de leur histoire. Avec audios et vidéos, parce que des auteurs ou comédiens ont accepté de lire ces textes, l'énergie que donnent leurs voix. Merci. Voir aussi sur Youtube.

Un commentaire à propos de “#photofictions #07 | D’elle sans moi”

  1. Il y a quelque chose de touchant dans ce flou, ces questionnements. Je retiens « Qui a abandonné à sa femme le récit de l’histoire familiale ». Inspirant.