Je ne suis pas sur la photographie. Cette image qui dépasse du couvercle de la mallette qui le suit. Je n’y suis pas. C’est son image. Je ne sais pas pourquoi il l’emporte avec lui. Elle le suit et basta. Ni ne la montre ni ne la cache sa photographie. Des noirs et des blancs. Pas de nuance. Un gris moyen et basta. Je n’y suis pas sur cette image posée. J’y suis seulement pour l’avoir vue. Tu t’y vois bien dans La Joconde quand tu regardes ( pas dans le verre qui la protège, même si). Regarde mieux, tu y es puisque tu la regardes: je suis ce que je vois ? Sa photo je te la montre mais tu ne dis rien : Motus et bouche cousue. Tu vois? Trois rangs de têtes. Tu vois? Des hommes. Pas d’enfant. Des hommes et des loques. C’est une photo ratée qui fait des visages comme des taches et des pâtés avec les yeux. Cette image qui dépasse. Mais à peine. Avec ses bords dentelés rognés. Cette photographie qui le suit. Où je ne suis pas. Même si. Je la vois, même absente. Je la vois rangée entre les pages d’un livre, à présent qu’il n’y est plus et que la mallette n’y est plus elle non plus. C’est une image rangée. Qui dépasse.
« Je suis ce que je vois ? » Merci Nathalie Holt. Oui, les images qui nous hantent interrogent. Nous interrogent. Et nous les voyons, même absents.
une question. Oui Ugo. Merci.
Très beau cette image rangée mais qui dépasse quand même.
L’écriture est une litanie obsédante. Presque inquiétante.
Merci Perle
C’est vraiment beau cette image qui dépasse, comme avoir un dernier mot de secours, l’hyperbate qui dépasse de la phrase – par pudeur nie tout, de souffrance dit tout
comme l’artiste aime avoir la dernière touche qui fera le pas de travers, l’inscription d’une lumière, jet qui déplace, qui relève et forme l’oeil de celui qui regarde
ce bel hommage que vous faites à celui, hors cadre,
qui observe et porte en lui longtemps
les mots qui ne lui appartiennent pas
et pour cela justement – sont longtemps portés
Très touchée par ton retour Françoise. Merci