Et comme est chaude la laine, les fils croisés se retroussent sur l’avant-bras, que le froid piquant gifle sous le ciel jaune et rouge, ciel qui glisse, se gonfle, s’étire comme l’étoffe que le vent déforme, immobiles les cheveux piquants en brosse, insensibles à la bourrasque à laquelle s’offre un visage nonchalamment posé sur le rebord, c’est qu’il n’y a pas ici, ici c’est à dire là, dans le mouvement, dans un espace diffus, indéterminé, cet espace précisément, qu’est celui de la liesse, comme la place en cœur de ville est lieu de rencontre et de fête, de place pour le morne et la mélancolie, le nez retroussé défie le vent, le cou résiste, en tension sur le côté, l’œil regarde à droite, c’est à dire en arrière, comme l’on prend son élan, pour mieux apprécier et se projeter, nettement, sûrement, vers l’avant, avant qu’il goûte déjà plaquant son corps le long de la vitre entrouverte, le corps s’offre là à la digestion du tunnel d’air comme l’eau s’écoule en spirale aspirée par le siphon.
Au sens du vent près, qui aspire mais tout aussi bien repousse.
J’aime beaucoup cette écriture précise, je retiens cet espace est celui de la liesse.
Merci Perle (quel étrange prénom ou pseudonyme, comme dans Blueberry)
Puissance des sensations, texte-fibre qui les absorbé, leur donne une texture. Une lecture par bouffée, tension. Ce qui serre déroche. Alors, belles poursuites et, comme dit Sophie Calle « prenez soin de vous » dans ce monde-ferrailleur !
Merci Nolwenn pour ce retour presque gouailleur 🙂
Je cherchais comment le vent et son visage, elle appuyée au bastingage… je découvre la force du vent et des mots de ce beau texte . Merci
Merci Nathalie, et un drôle de petit bout de chou capté dans un train en république tchèque il y a maintenant 16 ans…