#photofictions #04 | et si on jouait à faire semblant ?

Ses pieds le précédent dans son déplacement, son buste un peu à la traine, ses mains dépassent à peine des manches de son sweatshirt trop grand et de ce corps pas très obéissant part un coup de pied dans le ballon qui ne va pas si facilement toucher sa cible, comme pas exprès, avec un large sourire et des yeux noisettes qui pétillent.

Elle est venue me chercher dans la salle d’attente, c’est mon moment avec elle, elle est entrée dans la salle et a fermé la porte, elle fait mine de me prendre en photo, je vais aller prendre un ballon comme ça elle me prendra en photo avec le ballon, je suis fort en foot, j’aime ça tirer dans le ballon, la porte fermée derrière moi ce sera mon but et en face la chaise ce sera son but à elle. Je me colle à la porte et je tire dans le ballon, sur elle sans faire exprès.

Toujours en mouvement, massive et dense, coquette, elle regarde l’objectif avec l’œil qui pétille et un petit sourire aux lèvres, déjà elle se précipite sur l’appareil photo pour faire pareil, devant l’insistance elle se recule, elle est contente de jouer à faire semblant de faire des photos, la coiffure toute en tresses bien serrées, elle se contorsionne pour prendre la pose, quelques secondes, comme dans les dessins animés.

Elle a pris l’appareil, j’aime pas qu’elle me prenne en photo, c’est pas pour de vrai ! Arrête ! Je veux faire pareil, elle m’arrête, me dit de prendre la pose, je minaude, regarde moi ! Je suis une poupée qui danse, à moi !

Petit bonhomme, bien habillé, collé dos à la porte fermée, tenu debout d’un bloc, le visage ouvert sur de grands yeux bruns, immobile, il tourne la tête et regarde sur le côté, à l’affût.

La porte dans le dos, mouvements, attendre, capter la lumière, plus de mouvements, une masse, là, immobile.