sur cette photo j’ai le regard d’un cheval fou ; ou le regard de Méduse ; je pense souvent à ce regard ; je ne savais pas avoir cette expression entre stupeur crainte et mystère ;
je ne sais pas toujours parler à Alex ; quoi lui dire ; je lui dis que le marais est plein de lucioles la nuit ; je l’appelle au téléphone pour le lui dire ; lui dire que la nuit dernière a été celle où il y en avait le plus ; dans ce marais où le vert des feuilles attire Alex à tel point qu’il le fixe sur le papier dans une épaisseur ; un mouvement intemporel ; qui mêle la vie et la mort ; les deux ; comme ici ; un rituel élémentaire ; au fond il n’invente rien ; pour faire les photos des portraits -me mettre en pose ?- je dois m’absenter de mes occupations ; un court instant je m’absente ; là où le langage parlé -encore ici- n’existe pas (peut-être que ça m’arrange ! ) ; où je ne dois pas alimenter le feu même si j’y pense ; ni ranger le bois à l’abri de la pluie ; où d’un regard on veut bien Luba Angela et moi s’approcher du photographe sans parler donc (tous les trois côte à côte) ; alors que lui veut s’approcher de nous dans cette ombre ; ce soleil ; ce silence ; souvent j’ai l’impression d’être maladroit enfin emprunté en exposant mon corps ; ma fatigue ; j’ai perdu l’habitude des autres ; cela donnerait cet air effrayé que j’ai parfois ; à me mettre devant l’appareil d’Alex ; et à la fois je sens comme un air chaud -presque modelé- qui passe entre nous ; quelque chose ressemblant également à du végétal, de l’animal ; de la terre ; mais tout ça est peut-être dû au fait de vivre ici (de sentir moi-même l’animal le végétal la terre ); c’est comme si tout participait d’une même matière ; et nous quatre avec ; il y a des jours où je trouve ça beau et aussi douloureux ; sale et lumineux ;
(c’est pas la question : le texte, l’objet (eux trois), la photo (l’image), l’opérateur, les personnages : tout est là) il y a le plan de la ponctuation – ici absente (pourtant majuscule qu’on s’y repère un peu), là point virgule (pour te le dire franchement : je m’en tamponne – mais quelque chose quand même (je veux dire : une espèce d’homogénéité) après est-ce que ça va tenir le coup (on est parti pour quelques mois) (c’est juste une question : je voudrais bien que oui – ils sont là, tous les quatre – les pieds dans les fougères, tous) (en tout cas on suit – je pensais avoir posé un commentaire mais non, alors celui-là est comak mais enfin… (merci – on va voir, on suit – et le plan de suivre la même image est juste parfait…)
Bonjour Piero! Contente de vous entrainer avec moi dans la fiction, on va bien voir ou cela mène…Pas sure de rester sur la meme image…à la meme époque, il va bien y avoir des moments ou ca dérive sec….En tous les cas un grand merci! (aie la ponctuation zéro et le point virgule sont mes préférés:)))
Quelle photo et quel texte ! Les point-virgules ? Absolument parfaits ! Merci, Sandrine !
Un grand merci à vous Helena! Plaisir de vous retrouver…