C’est les habitants dans la grande ville. C’est les surfaces colorées. Il y a les visages, et la langue qui sort et qui lape. Elle lape tout le temps. Elle lape le café. Elle lape la glace. Elle lape la langue d’un autre qui lape. C’est à Prague et les habitants lapent. Ils lapent la bière. Ils lapent aussi la glace. C’est un grand mouvement. C’est vif. C’est sans impatience. Il y a tout le temps de laper. C’est l’estomac content et l’œsophage aussi. Ça dégorge, ça s’étale sur le visage quand c’est ainsi content, un visage tout rose comme le linge déteint. C’est comme si la glace ça ne finissait jamais. C’est le petit jardin près de la place Venceslas. Ils lapent près de la place. Et la glace n’en finira jamais. Et le temps s’alourdit et ça fait comme les grosses gouttes d’une pluie trop grasse. Ils lapent comme il pleut, c’est gras et brillant, c’est un peu gluant. Je les regarde dans les parcs, dans les cafés, dans les rues quand ils lapent. Et j’attends. J’essaie de deviner ce qu’ils font lorsqu’ils ne lapent pas.
Codicille : c'est quoi l'infiniment proche ? Les intestins à la surface. Interprétation un peu hasardeuse de la consigne peut-être. Et chez toi, ça lape aussi ?
C’est vif, ça claque à la lecture plutôt !
Un chouette rythme de sonorité aussi, camaïeu de voyelles et consonnes tapantes. Bonnes prochaines photofictions !
Merci Nolwenn!
texte bien enlevé je trouve, Marion
laper, cette pratique monomaniaque de boire, sucer une glace en aspirant avec la langue comme font les chats et les chiens calme l’ennui ou manifeste une aspiration à autre chose dans la vie
Ça tue l’ennui, merci Huguette