Une photo extraite d’une longue série, tu en étais à la fois partie prenante, à la fois le regard extérieur avec l’appareil photo entre toi et ce qui se jouait là, il y a presque dix ans déjà. Le cadre, un lieu qui n’existe plus aujourd’hui. Une fête pour ses dix-huit ans, adultes et jeunes confondus, la soirée est déjà avancée, il est minuit trente environ, un téléphone portable blanc à touches est posé sur la table, tout le monde ne possède pas encore de smartphone, il reste des amuse-bouches, des verres sont presque vides, une flûte de champagne, un verre de vin blanc, un verre de bière, une bougie pratiquement consumée, une autre aux trois quarts, des enveloppes vides, du papier d’emballage cadeau, des cadeaux, l’atmosphère est tamisée, il y a des ballons au mur, une pub de bière, la Corne du Bois des Pendus, on ne voit qu’une partie de la salle, il y a pas mal de monde aussi dans la partie hors-champ. Entouré de tes amis, tu regardes les cadeaux qu’ils t’ont offerts pour tes dix-huit ans, tu es sur un petit nuage, encore étonné de la surprise qu’ils t’ont faite avec la complicité avec ta famille proche, tu ne t’y attendais pas et cela se voit sur ton visage, il n’a pas la même expression que celle de tes amis heureux de l’effet qu’a produit sur toi la surprise, heureux que tu passes une soirée que l’on espère inoubliable. Avec ton pote à la chemise à carreaux vous évoquez peut-être les messages d’une carte d’anniversaire, tu ne sembles par regarder un point précis, tu es à la fois là et pas là, mais peut-être n’est-ce qu’une impression, difficile de savoir ce que tu penses, de savoir si tu as la tête pleine de rêves ou si toi qui aimes tant faire la fête tu te laisses porter par l’instant, l’instant d’une soirée qui passe comme étoile filante.