Dans les discrets rituels des visites à Gand, la photographie des vitrines Priem. Elles se font face presque, l’une rue du pont laitier et l’autre, à l’angle du chemin du collier. La traduction française que je propose pour ces adresses est tout à fait sujette à caution, mais le bruit de ces noms m’emporte pour l’instant aussi loin que les motifs représentés de part et d’autre sur les papiers peints en exposition.
Je ne sais pas prendre une bonne photo de ces vitrines sans être du même coup emprisonné parmi les grands oiseaux exotiques à têtes jaunes, entre les petites scènes bucoliques de l’éternel printemps des pastorales bordeaux ou bleues, au cœur même de l’entrelacs labyrinthique de perles et d’urnes blanches sur fond d’anthracite ou encore dans un jardin d’ocres japonisant dont les chrysanthèmes rappellent les petits feux de Bengale des gâteaux d’anniversaire…
Sur l’image, j’ai disparu. Se distingue à peine le vague contour fantomatique de mon vêtement d’été, noyé dans les couleurs et les motifs. J’aimerais parfois en avoir des nouvelles, recevoir de temps à autre une carte postale à l’encre passée dans un trop long courrier.
Dans quelques années j’oserai entrer, mais c’est déjà une si grande aventure.
Bonsoir Emmanuelle
Tu nous mets face à une profusion de couleurs et de motifs sans pousser la porte. Et cette prise de photo nous met dans une agréable position contemplative.
Merci pour ce beau texte !
Merci pour ton accueil enthousiaste. Si l’on reste à la porte, il faut l’admettre, c’est par manque de temps. Mais il se trouvera bien un moment à la longue pour m’écrire des cartes postales.
Cela me fait penser à l’émerveillement que l’on ressent en arpentant les rayonnages de Reine et du marché Saint Pierre à Paris, toute cette profusion de tissus et les noms surtout, les jolis noms de ces textiles, taffetas, velours, jute… Un jour je prendrai note de tous ces noms. Voilà quoiqu’il en soit, un petit texte tout simple qui nous fait l’effet d’une chronique de voyage légère.
J’avais écrit il y longtemps à ce sujet… écriture et tissus toujours très mêlés et tu me le rappelles.Un bon lieu pour (re)commencer http://www.emmanuellecordoliani.com/ca-secrit-comment/
Merci !
J’aime ce ton plein de bonne humeur qui picore parmi les papiers peints , se joue des reflets et attend avec malice une carte postale… Je t’ai cherchée dans la photo, et pas trouvée en effet!
J’aime depuis longtemps ces photos de vitrines où je disparais plus ou moins.
L’écriture c’est comme la coupe de cheveux, la longue à son charme et la courte, aussi. Merci.
Pour ce cycle, je fais bref : il y a tant de fers au feu avec le tri de l’atelier de l’été et la publication prochaine du Journal d’un mot. Mais je voudrais continuer en votre compagnie, alors j’opte pour la coupe pratique 🙂
Le contexte pris dans le texte, l’auteur dans l’image. — Sur fond de ce conte zen du peintre qui finit par entrer dans son tableau. — Rien de tel pour commencer en entrevoyant la fin.
Toujours bien vu(e) par toi, cher Will. Je comprends en lisant vos commentaires à tou.tes à quel point ce genre d’image est déterminant pour moi. Alpha et oméga de la fiction, de l’écriture. Le motif dans le tapis, la femme dans le reflet…
de si belles images … « sans être du même coup emprisonné parmi les grands oiseaux exotiques à têtes jaunes, » … un rêve en vitrine
Cette cage, je me demande si ce n’est pas celle de Soie, de Barricco. Merci Nathalie d’avoir souligné avec de la lumière.