Prendre des clichés avec un téléphone portable Blackberry réglé sur noir et blanc. Tout petit écran. Peu de précision à la prise de vue. Un lot de surprises au « développement » sur l’ordinateur. Ne jamais recadrer après coup. Beaucoup d’occasions sont bonnes. Fixer le plus souvent des détails. Des choses rapprochées. Extrêmement peu de gens, d’êtres vivants. Jamais d’interactions. Chercher la géométrie insolite. Prendre des photos sur des parcours habituels. Fabriquer des séries. Quelques rares fois profiter d’un lieu de passage éphémère. Dans une autre ville par exemple. Scruter. Recommencer la fois suivante. Reprendre des scènes déjà prises. Très peu d’intérieurs. Ne pas partir en expédition dans l’unique but de photographier. Beaucoup travailler sur le chemin de l’hôpital. Associer l’acte de capturer des images à la cure analytique. Décider chaque cliché comme une petite victoire. Marche, métro, RER. Les rues sont inépuisables. Les stations et les tunnels aussi. Ne pas chercher, juste regarder. Conserver le Blackberry toujours en poche ou en main. S’arrêter quand l’œil est retenu et attiré. Passer le temps nécessaire. Prendre autant de vues que nécessaire. Treize heures vingt-huit. Mois de juin. Arriver au travail par le métro Quatre-Septembre. Être habillé comme au printemps. Soleil fort. Remonter la rue de Choiseul. Juste le temps d’une photo avant d’attaquer le labeur. Repérer un mur en pierres de taille. Passer en mode Appareil photo. Laisser pour une autre fois les traces des mitraillages de la Libération. Éclats violents dans la pierre. Plaque de marbre commémoratrice. Avancer. Se fixer sur l’angle d’un appui de fenêtre. Le cadrer au plus serré. Lumière très contrastée. À voir plus tard au « développement » sur grand écran. Ne prendre qu’un seul cliché. Essayer de capter de la géométrie. Laisser le temps à l’œil de travailler par lui-même. Déclencher. Regarder à peine le résultat. Le juger rapidement satisfaisant. Enregistrer l’image. Quitter l’application Appareil photo. Fermer la coque du Blackberry. Le remettre dans la poche. Se diriger vers la porte d’entrée. Plus tard interpréter l’image.
Trois tons gris alignés. Du noir profond aspire. Un angle est suspendu. Éraflures et pointillés. Raccords non lissés. L’ensemble fait un poids considérable. C’est d’une lourdeur flottante. Striée de traits et de fentes. Accrocs. Trou. Un pan est réparé. On le voit à la trace la plus claire. Verticale. La lumière vient de gauche. Deux faces clairement délimitées. Renfoncement. Une autre face cachée hors de la lumière. Toutes les autres faces hors-champ. Joint. Taille. Horizontale ébréchée. La diagonale part dans le flou. Se dédouble. Relief. Trouble. Science-fiction. Planète. S’il y a approche c’est dans la lenteur. Vaisseau forteresse. Matière dure. Des failles fines dans le bloc. Vides interstitiels. Masse en apesanteur. Pas d’entrée possible. Effet spécial stoppé. Mouvement à l’arrêt prêt à reprendre à tout moment. Contournement d’un amas de murs sculpté dans l’espace.
ce qui me plait d’emblée :ces deux paragraphes ( la consigne) « l’entour « et la matière . Tes mots: « Ne pas recadrer après coup… Fabriquer des séries… Ne pas chercher, juste regarder. » (se retrouver dans tes mots) la partie matière est vraiment belle comme, je retrouve ta voix des 40 jours)
Merci mille fois Nathalie pour ton message !
Il me va droit au cœur.
(j’ai l’impression d’avoir échappé à la consigne des italiques ?) – le bloc qui fait fenêtre du côté de la rue de Choiseul (celle où travaillait madame Célérier, et où on trouve « L’Humaine comédie » coiffeur, porté à l’Invent’hair par madame Sonnet (https://notulesdominicalesblog.wordpress.com/2022/08/21/21-aout-2022-982/) sans compter que longtemps j’ai travaillé au 67 Richelieu 2° étage – que de réminiscences…) (il y a aussi en descendant vers le Palais, le gynécologue Papa) rebonjour Fil
Rebonjour Piero
Quelle culture de la ville tu as !
C’est génial de se balader avec toi dans le quartier où j’ai bossé quelques années !
Merci !
Ha! j’ai moi aussi flashé sur l’invent’hair et l’humaine comédie que j’ai d’ailleurs pris… en photo…
Beau texte par ailleurs, le second m’a bien plu et oui je le vois le vaisseau spatial. On ne voudrait pas cent pages comme ça (moi pas en tout cas, lectrice paresseuse), mais en petit flash comme des encadrés justement, cela passe bien.
Merci beaucoup Marion pour ton retour !
Je suis vraiment touché que ces deux petits textes te plaisent.
Aime beaucoup ces deux textes
parcours singulier et précis
phrases courtes qui emportent comme des pas
belle approche de l’image
Merci Huguette pour ton retour !
Ça me fait très plaisir.
oui c’était vraiment l’idée d’aller le plus loin possible dans l’antagonisme et la radicalité des 2 textes, merci, ça donne encore plus d’élan pour continuer dans cet écart
Merci beaucoup François pour ton retour. Ça me touche vraiment.
Je vais essayer de continuer à travailler dans cet écart.
Hello my friend,
Joie des retrouvailles !!!! Comme les autres lecteurs j’ai bondi d’un texte à l’autre, ayant fait le choix de l’entremêlement, on voit bien comment les deux effets produisent des émotions de lecture différentes, j’ai failli mettre les deux solutions en ligne, en tout cas ce passage par le détail à peine visible et la traversée de voir, nous bouscule et me remue,
Hello Cat !
Oui, quelle joie de se retrouver !
Merci mille fois pour ton retour. Comme à chaque fois il est très pertinent et très important pour moi.
Tu me fais avancer.
Belle retrouvaille. Je retrouve avec plaisir le pointu (piquant ? précis ? non, pointu !) de tes mots qui photographient le détail. Merci Fil.
Merci JLuc pour ton retour amical !
J’ai beaucoup aimé ton texte aussi..
oui c’est saisissant l’écart l’arrêt l’attention portée aux deux mondes – le photographe et la photo – et ça éclaire ce qui s’y déploie sans rien encore en dire… un dispositif révélateur en somme…
Merci Jacques pour ton message.
Il me donne confiance et m’encourage à continuer dans ce sens.
Merci ! Je me retrouve complètement dans le premier texte, la prise de vue minimaliste, avec des machines un peu faibles… Le fossé entre les deux textes est réduit par leur trait commun, ce rythme, la langue presque hachurée par les points. Comme des plans successifs, des prises de vue saccadées.
Merci mille fois Juliette pour ton retour qui me fait très plaisir !
Je suis vraiment content que ça marche, ces deux textes ensemble.
J’ai aussi aimé ton texte sur l’image dans l’image.
Encore un grand merci !
Je retiens « Ne pas chercher, juste regarder »
et tu commences fort cette nouvelle série. Un peu plus d’ampleur dans la langue bien que toujours resserrée, comme une force supplémentaire
absolument aimé les textes, les 2 …
Un très grand merci à toi Françoise pour ton retour.
Oui, je me sens bien dans cette langue resserrée avec un peu plus d’ampleur.
Merci de l’avoir ressenti !
Ce texte est palpitant parce qu’il n’interprète pas j’ai l’impression. Merci !
Merci beaucoup Marie pour ce très juste retour. Ça me fait très plaisir.
Beuacoup aimé les deux textes, le premier, car il situe le photographe dans ce qui le rend unique : ces photos prises avant le travail comme un dernier souffle d’air frais avant le renfermement ; le deuxième est taillé dans la pierre, comme l’objet qu’il décrit. Très belle cette expression de « lourdeur flottante » !
Un très grand merci à toi, Helena !
Je suis content que les textes te plaisent.
Ton avis compte toujours pour moi.
Ce sont tes deux textes et ta photo qui m’ont décidée à faire l’atelier… Ta photo, on croirait une peinture, matière, aplats… cette « lourdeur flottante » comme tu l’écris. Je retrouve avec grand plaisir ton écriture si précise dans ces deux textes en miroir qui s’écartent et se répondent.
Bravo Fil !
Un très grand merci à toi, Muriel !
Je suis très content de te retrouver aussi !
juste cela, juste comme ça oui (et f
pardon
juste ça, juste comme ça oui (et ne pas recadrer, j’avoue que je cède parfois), et le sujet ici est parfait – qui ouvre ensuite au texte
Merci mille fois Brigitte !
Ton message me fait très plaisir.
Très content de te retrouver pour ce nouvel atelier !
Retrouvé la successions d’infinitifs que tu ne quittes pas. Elle foncionne bien sur un temps qu’on devine limité en saisie au plus rapide, comme cursive. Mental métal bien cogné qui claque avec une impression clap fin de prise !
Le deuxième bloc descriptif est intéressant : plus objectif, dans les matières et formes même leur géométrie. Bonne route sur ce nouveau cycle, merci d’être passé me lire.
Merci Nolwenn pour ton retour. Il me fait très plaisir et m’incite à continuer dans la voie que j’ai choisie.
Merci à toi aussi d’être passée !
Impressionnée par ce parti-pris anguleux et minimaliste que l’écriture au scalpel, si précise, sert si bien.
Merci beaucoup Catherine pour ton retour amical !
ton premier texte est pour moi comme une mine de protocoles, merci. Et Bravo pour le deuxième que j’ai envie de dire
Merci beaucoup Cécile pour ton retour amical !
J’ai vraiment beaucoup aimé – les deux textes, deux aventures
qui parlent chacune sa langue
la déambulation à l’intérieur des rues sans objectif précis fait du bien
la photographie simple et sidérante
le beau fragment poétique qui donne masse, agrégat, push, élève
tout parle à voix basse, gravée, ample et
renforce dans la main qui a forgé, cogné le marbre, fabriqué comme enfin se reposer sur un banc de pierre à l’ombre
Merci tant Fil, et aussi pour votre passage sur mon texte, vos mots si réconfortants à nouveau
Merci mille fois Françoise pour ce beau retour ! Il me fait très plaisir.
À très bientôt.
La photo intrigue par sa présence, sa force, son abstraction.
Le fil, ce qui mène, entoure la photo, nous accompagne dans le regard qu’on porte à la photo.
Le récit qui s’intercale nous offre une présence humaine qui adoucit, nous permet de faire chemin avec toi.
Merci pour tout cela.
Et belle route dans tes écrits.
Amitié.
Merci beaucoup Annick pour ton message !
Belle route pour toi aussi.
Amitié