Des mégots, des blancs des jaunes dans le caniveau, des fins et des dodus, des tâchés de rouge à lèvres, dans les cendriers, sur le dessus des poubelles, des cachés dans le sable, des cigarettes à moitié fumées, des restes éventrés pour prendre le tabac et rouler d’autres usages, écrasés nerveusement à mi-parcours ou fumés jusqu’à l’extrême limite du possible, disséqués par la pluie, aux endroits où l’on attend de l’arrêt de bus à la sortie des écoles, devant l’entrée de l’hôpital, jetés d’une voiture écrasés sous le pied, perdus dans l’herbe, cachés dans les buissons.
Le promeneur de chien qui choisit l’emplacement où l’animal déposera sa crotte qu’il ne ramassera pas. Sur la grille de l’arbre de l’esplanade, dans le bas-côté herbeux, sur cette jolie plante qui fleurit en bord de rue. Devant chez moi. Celui qui attend, s’impatiente ou s’angoisse. l’indifférend qui laisse la chose se déposer au milieu du trottoir. Celui qui observe et contrôle l’état du transit. Celui qui félicite. Celui qui ramasse. la crotte bien sûr comme un acte social.
La pluie qui tombe, et le vent. Il y faut des arbres aux branches très flexibles, une pluie dense et violente pour qu’on perçoive que ça bouge, qu’on ne voit rien, mais qu’on devine. Une pluie tropicale sur les palmiers sous le vent. Le brouillard sous toutes ses formes, le matin quand il monte des vallons pris des sommets ensoleillés, l’après-midi quand il descend et qu’on perd son chemin, la nebia sur l’autoroute et qu’on ne voit qu’à peine les feux arrière de la voiture devant.
La nuit qui comme la neige gomme tout. La nuit illuminée de tous les éclairages domestiques, publics, publicitaires, immobiles ou fuyants vers ailleurs. La nuit secrète vue dans le halo d’une lampe torche. La nuit habitée de toutes sortes de bestioles que saisit l’infrarouge, y compris les insectes surexposés qui viennent se bruler à la lumière.
Le skater qui chute, se relève et recommence. Tant d’images accolées qu’on entend le bruit lancinant de recommencements comme des gammes habiles ou malhabiles répétées jusqu’à l’étourdissement, jusqu’à l’épuisement. Sur certaines on ne voit rien que le ciel ou le béton, sur d’autres un bout de planche, une main avec des gants, des pieds, un visage ou un bout de casque. Le spectateur doit perdre l’équilibre.
Bonjour Danièle
Un grand merci pour la lecture de tes photos en séries !
merci Fil
On pourrait continuer à lire cette galerie car un climat s’installe, une scène prend corps. Cinématographie de l’ordinaire. Merci pour cette lecture.
ce sont toutes des séries que j’ai tentées, puis abandonnées. j’aurais pu ajouter les jardins et les jardiniers, celle-là interrompue par le covid.