C’est juste à ce moment là qu’elle est partie. Un peu de solitude après toute cette agitation salle Montagnon, elle part à droite dans la rue, passe devant le nouveau parc, celui qu’on vient d’inaugurer en septembre, avec des jeux pour les enfants et surtout les sculptures en métal représentant Léa et Oswald Bardone, (le couple qui tenait l’auberge des musiciens à La Ric pendant et après la guerre) et des ibis orties et scarabées venus des mythes anciens symbolisant leur résistance. Elle suit le chemin qui longe la route, songeuse. En passant elle regarde l’Ondaine, souterraine pendant longtemps, à l’air libre depuis peu. Elle voulait habiter une ville avec un fleuve et se retrouve avec un petit ruisseau, mais ça lui plait de le suivre, Elle arrive sur ce rond-point—là, le puits de mine du Marais. Ils ont bien failli nous le démolir! Francis parle calme et fort, un silence relatif s’est installé, c’est le quart d’heure ricamandois, On prend son temps. Alain pose sa scie électrique, jean ses palettes, et elle s’est arrêtée les tréteaux en main —On est d’accord, on en prend cinq, au café de la belote, disons une heure et on revient finir? Et ils se dépêchent, on évoque le mini arc de triomphe, la mini tour Eiffel, et bien là ce sera un puits de mine celui du Marais, tout en palettes : le double jambage, le chevalement, unique en Europe, avec ses doubles molettes. À dix heure du soir, il est fini. Cette fois ils ne vont pas venir nous le démolir ? Suzanne se retourne, la voie rapide, l’entrée d’autoroute, la voie ferrée, avec tout leur trafic habituel, tout est normal. C’est en se retournant de nouveau que ses yeux se sont dessillés; il est bien là, entier, fini, structure en métal, doubles molettes, toit en fer, le soutènement entouré de fleurs plantes, herbe, elle est seule devant ce puits du Marais, celui—là même qui a été en service jusqu’en septembre 1983. Une main se pose sur son épaule, Dédé est là, ça va, Suzanne? Tu es sûre? Viens on va…
Atlas des régions naturelles. 2020 été. Espace public. Vestige. Forez.
Il y a tant d’espace autour de l’histoire, il y a du vertige. À la relecture, les abords se colorent et l’imagination se met en route. Riche.
Merci Jean-Luc. Le vertige, c’est qu’il est un peu brouillon ce texte. Difficile d’entrer dans la fiction.
J’imagine un avant et un après, bravo.
Merci, laurent, j’ai essayé oui, un bout d’histoire. J’ai voulu essayé la fiction (elle s’imagine avec les autres construire avec des palettes, et revient à la réalité quand le copain lui parle. )…C’est difficile quand même ?
VBelle structure beaux personnages pressentis envie d’en savoir plus
Merci Huguette. En savoir plus? Je vais essayer, c’est la #40 que je n’ai pas encore faite, sur La Ricamarie, petite ville où j’habite, à côté de St-Etienne.