Thorenc, 1 heure de route au travers de la forêt, après le col de Vence. Prendre sur la droite le chemin, continuer , se garer, sur la droite, une guinguette, une partie sous un préau, le lac. Altitude 1120 mètres. Lac artificiel. Réserve de pêche, à certaines périodes. Des gens se promènent avec leur chien, jeux des enfants, quelques pêcheurs. La photo a été prise en automne le 25 octobre 2015 – 18h. Série de photos du lac avec un appareil Sony. Série pour essayer des réglages, des cadrages, jouer avec les reflets du lac, les masses sombres et claires, les valeurs, cependant la photo est prise en réglage automatique.
La photo est en noir et blanc, une masse sombre au premier plan en haut, qui descend vers le lac et illusion d’optique, les branches semblent toucher l’eau. Jeu de reflets sur le lac, pas de vent ce jour là, immobilité des éléments et pourtant un mouvement. Les feuilles du premier plan, grise très pâle, fragiles et presque transparentes se mêlant aux feuilles du plan au fond. Déséquilibre, force du tronc de l’arbre « hors champs » la scène est suspendue, l’œil devrait chercher à s’appuyer sur ce tronc pour reconstruire la photo, il ne se reflète pas non plus dans l’eau, il y a quelque chose qui boite, une idée d’inachèvement. Les reflets des arbres de la rive d’en face se découpent nettement sur l’eau de façon assez précise : on voit certains troncs d’arbres, les cimes en forme de triangle, façon mosaïque. On dirait que la forme dominante est le triangle. La photo se découpe en trois bandes horizontales à peu prés de hauteur égale : reflets des branches sur l’eau, valeurs sombres des branches , valeurs claires de l’eau /reflets des arbres de la rives d’en face valeurs intermédiaires / premier plan en haut des branches : valeurs sombres ? valeurs intermédiaires des arbres de la rives d’en face au deuxième plan. Alternance et c’est peut-être le rythme de la photo. Voilà que me vient en regardant cette photo : « et les vents alizées inclinaient leurs antennes au bords mystérieux du monde occidental » c’est peut-être cette phrase qui a motivé le déclenchement de la photo (qui sait ?) Le petit triangle en haut du tronc aux lianes enchevêtrées, ce petit morceau de chaos, qui m’évoque la «nature» que je cherche dans cette nature du lac de Thorenc, domestiquée, agencée. Le soir semble tomber depuis le coin droit de la photo, la nuit s’annonce. Il y a, me semble t-il beaucoup d’opacité. Par cet angle – banal, je ne sais pas très bien ce qui se reflète «d’autre», ni si on trouve un quelconque sentiment d’étrangeté, à l’abri sous les branches, tout en étant dans l’impossibilité d’ y accéder. A-t-on envie de reconstruire la photo avec les couleurs ? De reconstruire la ligne d’horizon véritable, car elle semble décalée vers le bas,comme si on avait un peu tendu le « rideau de scène » au lieu, au milieu de la photo, de la formation d’un autre triangle, formé par la branche et son reflet dans l’eau ? Malgré cette tentative de géométrie que je ne trace qu’ artificiellement et imaginairement – pour la décrire, la photo reste fouillis.