Les phobies irrépressibles contractent et liquéfient tout à la fois le corps. Insoutenable légèreté etc… Avec les années, les éléments qui provoquent ces angoisses ne sont pas exactement les mêmes mais il reste toujours ce substrat identique, les fondations phobiques de soi, provoquées par l’injonction « Va y chercher à la cave ! ». Oui, pour que cela soit plus authentique il faut rajouter cette erreur syntaxique propre au coin. Le contenu varie : patates, pots de confiture, bouteilles de vin. Mais l’appréhension, elle, ne se module pas, quoi qu’on aille y chercher. Le pire serait d’y croiser un rat. Les araignées, on s’habitue plus facilement parce qu’elles campent, statiques, et l’on sait d’avance où elles ont tissé les plus impressionnantes toiles, pour pouvoir les éviter. Parce que la lampe-torche à pile ne peut pas tout éclairer, qu’il n’y a pas d’électricité à la cave, celle de l’enfance. Autre cave, autre peur. Si seulement ce n’étaient que les rongeurs. Savoir ce corps pendu là, autrefois, dans une histoire dont personne ne veut parler mais que tout le monde connait selon les bribes attrapées à demi-mots, selon cette toile que l’imaginaire a tissé autour des rares demi-mots qui, honteux, peinent à parler du mort, du suicidé, là, dans cette obscurité souterraine où pourtant il faut bien aller pour monter des chaises supplémentaires, parce qu’à Noël, on est nombreux. Le seul rempart aux caves à peur serait le sous-sol fantasmé, oui, une de ces profondeurs qui n’effraierait plus, qui se ferait le nid réconfortant d’un ébat érotique. Un jour, peut-être.
très réussie cette peur de la cave au suicidé.
Merci Danièle je suis touchée
Oh, je me retrouve dans le texte ! Pas la cave, mais le « va y chercher » dans la pièce la plus sombre de la maison, au bout d’autres pièces tout aussi menaçantes. Merci, Marie-Caroline !
Oui c est tout à fait ça…merci beaucoup Helena!