Mon père s’éloigne. Il marche d’un pas pressé. Je le suis de loin en loin. Il fait de grands pas décidés. C’est une journée ensoleillée, une légère brise agite les feuilles des platanes. Il marche plus vite que moi. Je ne vois plus mon père. Il a disparu. La foule le masque.
Je suis figée devant le passage piéton. Je ne sais plus. Quand peut-on traverser la rue ? Quand le bonhomme est rouge ou vert ? Le bonhomme vert est en marche, il faudrait que je traverse. Le bonhomme lumineux change de couleur et de posture. Pourquoi les voitures avancent-elles au feu vert ?
Un homme s’agace au volant de sa voiture, il me fait signe d’avancer. Je traverse la rue en courant.
Je ne vois plus mon père. Où a-t-il disparu ? Autour de moi, du monde, beaucoup de monde, beaucoup de jambes. J’avance, je le cherche parmi cette multitude de jambes en mouvement.
A-t-il dit qu’il allait à la Poste ? Je ne sais plus. Des gens m’observent.
« La petite est toute seule ! Elle n’habite pas très loin. Par là-bas monsieur l’agent, elle vit dans l’immeuble sur le boulevard, à deux minutes. Vous remontez l’avenue, devant l’église vous tournez à droite, c’est juste là ».
On me soulève et on m’emmène.
Hurlements, coups de pied dans le vide. Je suis furie. J’arrache l’insigne sur la chemise, je griffe, j’attrape des cheveux. Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas ce qui se passe. Il y a davantage de colère que de peur. Je suis furie. Je me débats. Je crie. Je ne pense plus. Je suis furie. Le policier me porte, il marche, il me ramène chez moi. Je ne le sais pas. Je suis furie.
L’homme arrive échevelé devant ma mère, il me dépose devant elle et sans un mot s’en va. Je retrouve mon calme. Les rayons du soleil jouent avec les feuilles de platanes. Les ombres dansent sur le visage de ma mère.
Mince j’ai oublié de suivre la nomenclature typographique du titre, je ne sais pas comment le modifier