Le samedi c’est jour de marché à la Duchère, au pied d’une des barres d’immeuble, dans un parking. Pas très dense en août, mais fréquenté quand même dans cette zone d’habitation que tous les commerces de détail ont délaissée (sauf la pharmacie) depuis longtemps. Il a plu pendant la nuit, l’air est frais et léger, humide, tout lavé de la poussière des chaleurs précédentes. Sous les tentes rouges et le pawlonia qui égoutte ses grandes feuilles, on pourrait se croire loin, à Mexico pourquoi pas, un petit matin à Coyoacan. Ça en a la fraîcheur et l’exotisme discret.
Des femmes voilées font la manche en arabe et des témoins de Jéhovah proposent leurs brochures en français et en arabe « Six valeurs à transmettre à vos enfants ». Elle achète du persil plat à un marchand qui assure le cultiver dans son jardin. Il est d’un vert brillant, fourni et pas cher.
Elle a fait le trajet avec deux vendeuses (Besson — chaussures et Auber — puériculture) qui embauchent à 10 h et 11 h. Elles viennent de Chasselay, en voiture jusqu’à Limonest cimetière puis en bus. Amusées par les photos, curieuses et maquillées, de bonne humeur, un vrai plaisir. Alors qu’elles descendent pour rejoindre leurs postes, une jeune fille noire monte avec un gros paquet qu’elle tient précautionneusement. C’est un énorme gâteau tout jaune avec de grandes oreilles (le pokémon pikachu ?) pour l’anniversaire de son petit frère Jao Gabriel qui a cinq ans, une pièce unique réalisée par un cake designer « Ô gourmandises de Mary » qui exerce au 1 rue du Tronchon à Champagne au Mont d’or. Sur son site internet, ce titulaire d’un CAP de pâtisserie propose des gâteaux pour des évènements (« pâtisserie événementielle ») et des ateliers d’initiation. 60 euros au moins le gâteau et ateliers de la journée à partir de 170 euros (plus cher qu’un atelier d’écriture !). Restez connectés sur Instagram et Facebook.
Au retour, elle s’arrête dans la zone commerciale pour explorer le Cultura qui vient d’ouvrir, premier établissement culturel dans cette zone dédiée à l’aménagement de la maison, à l’habillement et aux produits sains (Biocoop, La Vie Claire). Un couple descend aussi, lui élégant polo orange assorti aux baskets orange aussi, elle tout en noir et nu-pieds de plage, leur bébé en poussette, gras et boutonneux les yeux dans le vague n’émet pas un son. La mère lui donne pourtant un biberon d’eau puis lui confectionne dans le bus un biberon de lait. Six dosettes de poudre dans des récipients empilables ; elle en verse une dans le biberon, puis de l’eau en bouteille et agite vigoureusement. Plus tard, elle les reverra qui arpentent la zone commerciale en sens inverse. La zone n’a rien du charme d’un centre commercial pour les sorties du week-end. S’ils savaient, il leur suffirait de descendre le chemin de St André pour faire une promenade au frais dans le vallon de Rochecardon, mais ils ne le savent pas. Comme à Coyoacan, si on ne le lui avait pas dit, elle aurait raté la maison de Frida Kalho et de Diego Rivera comme celle de Trotski, ce qui n’aurait pas été si grave car Coyoacan est de toute façon un très beau quartier, plein de grands arbres dans son souvenir.
quel dépaysement proximal !
Balade commentée dans un Lyon que je traverse sans le connaître. Quel joli reveil. Merci Danièle. J’aime tes récits
Observer le quotidien me paraît de plus en plus nécessaire et plus déjanté que tout ce que l’on peut avoir dans la tête.
Belle accroche visuelle et titruelle (!) C’est vrai que l’on ne regarde pas assez… pourtant tout est là ! Et quelle matière à écrire…
(c’est une bien belle affaire que le 21)