Va chercher ta bouée, il a dit. Courir au parasol bleu, se dépêcher pour vite les rejoindre dans l’eau. Pas l’amie de sa mère près du parasol, plus loin un autre parasol bleu, le sien, trottiner jusque-là, dans le sable mouillé un château, attendre la prochaine vague pour voir la douve se remplir, marcher dans le sable chaud, entre les parasols rouges, verts, à bandes multicolores, fascinée par tout ce monde, le garçon au donut, eux qui jouent à la pétanque, savoir lancer la boule verte, la faire retomber lourdement, tant à voir, le petit chien à poils noirs et blancs qui creuse avec ses pattes avant, éviter le jet de sable, un canevas avec des fleurs, un matelas pneumatique, serviette, serviette, plus bas un homme immobile, temps suspendu, canne et fil comme un toit de cabane, quelque chose va avoir lieu, une main tourne le moulinet, rien, recommence, attendre avec lui. Ailleurs, dans un autre temps, une autre vie, des gens s’affolent, un père, une mère, des amis, ailleurs on ratisse la plage, court au poste de secours, appelle au micro, ailleurs on panique, on pleure, on prie, on crie, l’enfant a trois ans, ne sait pas nager, est partie sans sa bouée. Le fil tendu au dessus de l’eau, ne pas le perdre du regard. Attendre. Temps suspendu.