La peau grêlée forme un paysage raviné où la lèvre inférieure pendante crée un rictus béant entouré de rides profondes au dessus duquel deux orbites se perdent derrière un nez épaté. Le visage boursouflé par l’âge ou la boisson semble prêt à exploser.En son for intérieur : son corps se meut dans la paresse du vent, se chauffe au soleil de printemps, rit à gorge déployée dans un éclair d’enfance, s’offre une dernière escapade dans les bois couverts de jonquilles.Le corps étendu sur le lit blanc comme un linceul attend d’être intubé. Entre deux râles, il cherche à happer une goulée d’air. Son esprit remonte le fil de sa vie comme de petits cailloux blancs jetés dans un chemin de montagne.
Les lèvres sanguines mordent l’arrondi de l’enfance. Deux amandes fendent la peau laiteuse. Un diamant décore l’alaire droite du nez. En son for intérieur : la montagne bleue vibre sous le soleil d’été, parcourue de frissons comme autant d’étoiles sautant dans le creux du torrent vif argent. Elle s’accroche à son écran, le corps ramassé au creux de son lit, se répétant en boucle « je sais pas quoi faire, qu’est ce que je peux faire ! »